La femme de 30 ans de confession juive qui dit avoir été poignardée à deux reprises, samedi 4 novembre, à son domicile à Lyon, est sortie de l’hôpital et témoigne pour la première fois pour CNEWS. Très «choquée» elle «ne réalise pas ce qui s’est passé» et a l’impression que «les juifs doivent désormais se cacher en France».
Poignardée à son domicile à Lyon (Rhône) samedi 4 novembre, la trentenaire de confession juive a quitté l’hôpital, a indiqué ce dimanche 5 novembre l’avocat de la victime, Maître Stéphane Drai, précisant que ses blessures ont «nécessité des points de suture».
Au cours de son hospitalisation, la jeune femme a été entendue par les enquêteurs et a déposé plainte. Pour CNEWS, elle revient sur l’agression dont elle aurait été victime.
Deux coups de couteau en «un quart de seconde»
«J’étais chez moi, je faisais mes activités quotidiennes, et j’ai entendu toquer à la porte. Comme je reçois beaucoup de colis, j’ai cru que c’était un livreur. Alors j’ai ouvert la porte, j’ai aperçu une silhouette, l’homme m’a dit "bonjour", je lui ai répondu bonjour et cela s’est passé en un quart de seconde. J’ai reçu deux coups de couteau», raconte la victime.
«À ce moment-là, je suis sous le choc, alors je m’assoie par terre et c’est là que je constate qu’il y a une croix gammée sur ma porte. Là, je comprends peut-être un peu mieux ce qui se passe. J’appelle tout de suite les pompiers qui arrivent en quatre minutes et je les remercie infiniment. Ils me prennent en charge. J’étais complètement en état de choc. J’ai été transportée à l’hôpital, pendant que ma famille est restée à mon domicile pour faire l’enquête avec la police», témoigne ensuite la jeune femme.
Une agression «à caractère antisémite»
Quant à savoir si cette croix gammée a bien été réalisée par l’agresseur, pour la victime c’est très probable, puisqu’elle n’existait pas «à 23h la veille». En revanche, l’homme l’aurait gravée «avant de donner les coups de couteau» puisqu’il est «parti juste après l’agression», a-t-elle ajouté. «Il pouvait savoir que je suis juive, car il y avait une Mezouza devant ma porte qui était quand même très visible», explique-t-elle.
Selon la victime, il ne fait aucun doute que son agression est en lien avec sa religion. «Je pense que je me suis fait agresser parce que je suis juive. Le parquet retient la tentative d’homicide à caractère antisémite. L’enquête est en cours et je n’en sais pas plus, mais effectivement, le caractère antisémite est quand même assez flagrant», confesse la jeune femme.
Les thèses du divorce et de l'automutilation écartées
Après cette agression, plusieurs éléments sont sortis dans la presse en laissant entendre d’une part que les faits pourraient avoir un lien avec le divorce que vit la jeune femme actuellement, ou encore que ses blessures pourraient provenir d’une automutilation. Dans les deux cas, la victime nie, et explique d’abord que malgré «un divorce difficile» il est «impossible que cela soit lié», et ensuite que «aucun des rapports médicaux et de la police ne font état de la possibilité d’une automutilation». «Quand j’ai lu ça j’étais au plus mal» relate la victime.
«Je suis totalement anéantie, j’ai déjà beaucoup de mal à me remettre de cette agression, alors penser que je peux me faire ça moi-même, c’est insensé. Aujourd’hui c’est une horreur, je n’arrive pas à retourner chez moi. Je ne sors plus dans la rue, je ne fais plus rien. Je n’arrive pas à me projeter sur l’avenir, je réalise à peine ce qui vient de m’arriver, c’est quand même une tentative d’homicide», témoigne la jeune femme, visiblement très choquée.
Une montée inquiétante de l'antisémitisme en France
Interrogée sur le climat en France et la montée de l’antisémitisme dans le pays, la jeune femme s’est montrée très pessimiste et confesse avoir très peur. «On vit ça très difficilement, j’ai l’impression qu’on doit se cacher pour vivre tranquillement. Si on l’affiche (le fait d’être de confession juive, ndlr) on risque des menaces ou des agressions. C’est très difficile», conclut la jeune femme.
Pour rappel, au moins «1.040 actes antisémites» ont été recensés sur l'ensemble du territoire depuis le 7 octobre, soit plus en un mois que sur «toute l'année écoulée», avait indiqué dimanche 5 novembre le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.