Au premier jour du Salon de l'agriculture, ce samedi, Emmanuel Macron participera à un débat avec différents acteurs du secteur agricole, mais aussi avec le collectif des Soulèvements de la Terre. Un mouvement écologiste radical, longtemps dans le viseur du gouvernement.
Une présence qui a fait grincer des dents au sein même de l'exécutif. Ce samedi, lors du Salon de l'agriculture, Emmanuel Macron discutera avec «les acteurs du monde agricole». Parmi eux, le collectif «les Soulèvements de la Terre».
Fondé dans l’ancienne Zad de Notre-Dame-des-Landes en janvier 2021, le collectif des Soulèvements de la Terre agit dans une optique de protection de l’environnement et de la planète. Leurs luttes sont multiples et regroupent des militants de tout genre.
Sur leur site internet, les membres du collectif se définissent ainsi, «Nous sommes des jeunes révolté.es (...). Nous sommes des habitant.es en lutte attachés à leur territoire (...). Nous sommes des paysan.nes (...). Nous sommes : toi, moi, vous. Tous celles et ceux qui se sentent isolé.es et impuissant.es face à l’atomisation des luttes, aux difficultés d’agir, et à la voracité des possédants. Celles et ceux qui attendaient d’être plus nombreux.ses pour se battre.»
Le collectif entend rassembler au maximum pour pouvoir, «établir un véritable rapport de force en vue d'arracher la terre au ravage industriel et marchand». Pour ce faire, les Soulèvements de la Terre n’hésitent pas à multiplier les actions coups de poing : occupation de terres menacées ou de chantiers considérés comme dangereux pour l’écologie, ou encore sabotage.
«La catastrophe écologique n’est pas à venir, elle est déjà là. Nous allons cibler et bloquer les responsables, occuper et cultiver les terres arrachées», peut-on lire sur leur description associée à leur compte X.
Des méthodes jugées extrêmes
Les Soulèvements de la Terre revendiquent pleinement la radicalité de leurs actions mais ces dernières ne font pas l’unanimité. Après les événements de Sainte-Soline en mars 2023, le ministre de l’Intérieur les avait qualifiés de «groupuscule» à l’origine des débordements et des scènes de violence qui avaient eu lieu lors de la manifestation contre les méga-bassines.
#Dissolution | Rassemblement devant le Conseil d'État, ce vendredi 27 oct. à midi, avant l'audience du recours au fond sur la dissolution des Soulèvements de la terre !
Appel signé par un ensemble d'organisations, à lire sur le site web : https://t.co/aShlbXMaJt pic.twitter.com/xoqFJsVmsx— Les Soulèvements de la Terre (@lessoulevements) October 24, 2023
Pour rappel, en mars 2023, près de 30.000 manifestants s'étaient rassemblés dans les Deux-Sèvres pour protester contre la construction d'une réserve d'eau artificielle. Vingt-huit gendarmes avaient été blessés au cours de heurts d'une extrême violence, dont deux grièvement.
L'un des militaires présents sur place au moment des faits, le lieutenant de gendarmerie Martin, avait témoigné sur CNEWS de ce que ses hommes et lui avaient vécu. «J’avais le sentiment que les bassines ils s’en fichaient, qu’ils étaient là pour nous», avait-il notamment déclaré.
L'opinion publique avait aussi été très marquée par ces images très violentes. Dans la foulée, Gérald Darmanin avait décidé de dissoudre le mouvement. Une dissolution dans un premier temps suspendue par le Conseil d’Etat puis finalement annulée.
Le fait qu'Emmanuel Macron accepte de débattre ce samedi avec les Soulèvements de la Terre, collectif que l'exécutif voulait donc dissoudre avant que la décision ne soit annulée par le Conseil d'Etat, n'est donc pas sans faire grincer des dents.
Cela d'autant plus que l'annonce de ce débat est survenue alors que les agriculteurs, en colère depuis plusieurs semaines, maintiennent la pression sur le gouvernement.