Le célèbre avocat pénaliste Jean-Pierre Versini-Campinchi est décédé, ce jeudi 12 octobre, à l'âge de 83 ans. Au cours de sa carrière, il a défendu de nombreuses personnalités.
L'avocat pénaliste Jean-Pierre Versini-Campinchi, qui a défendu entre autres Jean-Christophe Mitterrand, Anne Lauvergeon, Bernard Laporte ou le groupe Vinci, est décédé à l'âge de 83 ans, ont annoncé jeudi ses associés Fanny Colin et Alexandre Merveille.
«Il était notre ami, il venait nous voir régulièrement. Il existe des hommes qu'on n'imagine pas les mains jointes et les paupières closes tant ils diffusent une énergie que l'on pense immortelle. Il y avait chez lui cette alliance de la haute intelligence, mêlée à la grande bienveillance», a déclaré Pascal Praud lors de l'émission l'Heure des Pros 2.
Pascal Praud a rendu un hommage à l'avocat Jean-Pierre Versini-Campinchi après l'annonce de sa mort :«Il y avait chez lui cette alliance de la haute intelligence, mêlée à la grande bienveillance», dans #HDPros2 pic.twitter.com/8JsIQxhmhJ
— CNEWS (@CNEWS) October 12, 2023
L'avocat, qui avait prêté serment en 1965, rend hommage à ses deux associés, «non pas parce qu'ils ont eu le bonheur d'être mes collaborateurs avant d'être mes associés, mais parce qu'ils ont trois qualités qui sont à la fois très rares et absolument indispensables : le sens aigu du droit, (...) la vitesse et la détermination dans l'exécution, et l'imagination».
Connu pour son franc-parler
«Grâce à vous, j'aurais eu une vie exceptionnelle. J'ai pris des mandales, j'ai gagné des coups ingagnables, et le cabinet Versini-Campinchi, Merveille et Colin va continuer», a écrit Me Versini-Campinchi dans une lettre posthume à ses clients, ses amis et ses confrères.
«Sans imagination, un avocat a beau faire des mouvements, ça reste toujours une brouette», estime le pénaliste connu pour ses nœuds-papillon et son franc-parler. «Un dernier mot pour la route : la dérision est le seul moyen d'éviter la déraison», conclut-il dans cette lettre consultée par l'AFP. Après plus de vingt ans de droit des affaires et de litiges entre entreprises et commerçants, il est tombé dans la «marmite pénale»à la demande d'un de ses partenaires de poker, avait-il raconté à l'AFP lors d'un entretien en 2020.
«Je ne savais rien du pénal, j'ai découvert l'horreur», s'était-il esclaffé, « quand vous faites du droit commercial, ce qui est écrit dans les livres est à peu près appliqué, au pénal non». Au cours de sa longue carrière, Me Versini-Campinchi, qui travaillait beaucoup la nuit, a défendu entre autres le géant des travaux publics Vinci, un fils de président, Jean-Christophe Mitterrand, dans l'affaire de l'Angolagate, et, plus récemment, l'ancienne patronne d'Areva Anne Lauvergeon et l'ex-patron du rugby Bernard Laporte.
Avocat courageux
Il a également défendu avec Me François Saint-Pierre Maurice Agnelet, accusé d'avoir tué Agnès Leroux, la riche héritière niçoise disparue à l'automne 1977 et dont le corps n'a jamais été retrouvé. « Avocat courageux, il n'hésitait pas à prendre des risques et à défendre les causes les plus difficiles», a écrit sur X (ex-Twitter) la bâtonnière du barreau de Paris, Me Julie Couturier. La mémoire du pénaliste a été saluée par plusieurs avocats sur X. « Jean-Pierre Versini-Campinchi osait tout avec grande intelligence et humour! Triste...», a estimé Me Marie-Alix Canu-Bernard.
Dans son livre «Papiers d'identités» paru en 2020, il racontait en 300 pages ses origines, sa vie et sa carrière en assénant au passage quelques-unes de ses vérités sur la France du XXIe siècle et son système judiciaire. Né le 12 novembre 1939 d'un père corse et d'une mère antillaise à Ambleny (Aisne) où il a grandi, issu d'une famille d'avocats et de magistrats, il se considérait «donc comme gaulois».
«Je suis un vieil avocat. Mais être encore avocat à 80 piges, ça veut dire qu'on a duré. C'est déjà pas mal», avait-il confié à l'AFP en 2020.