Après Marine Tondelier et Fabien Roussel, Olivier Faure a acté son refus d’effectuer une liste commune de la Nupes aux élections européennes, tout en appelant à ce que cela ne mette pas un terme au rassemblement de la gauche. Des divisions qui portent un coup fatal à l’alliance souhaitée par la France insoumise.
La fin d’une ère. Alors que les jeunes de la Nupes sont déterminés à s’unir pour les élections européennes de 2024, leurs aînés ne sont pas parvenus à la même conclusion, lundi, après une réunion organisée entre les chefs de partis du PS, EELV, LFI et PCF pour relancer les discussions autour d’une liste commune. Une division qui reflète l’état de désunion de la gauche, à moins d’un an d’une échéance décisive.
«Nous ne voulons pas prolonger le feuilleton de la liste commune qui a pour seul résultat de décourager par nos querelles publiques», a écrit Olivier Faure dans un courrier envoyé lundi soir aux autres dirigeants des partis de l'alliance de gauche. Dans cette missive, il explique avoir choisi «la voie de l'addition», soit une liste séparée aux prochaines élections européennes, comme le PCF et EELV, alors que LFI réclame l'union pour cette élection.
Une nouvelle défection, de la part du Parti socialiste, qui s’ajoute à celle du Parti communiste, qui constituera une liste indépendante menée par Léon Deffontaines, et celle des écologistes d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) qui ont également fait le choix d’une liste autonome en désignant leur cheffe de file, Marie Toussaint, pour remplacer Yannick Jadot, auteur d’une belle troisième position avec 13,5% des sondages en 2019.
Un camouflet pour la France insoumise
Des choix qui constituent une véritable claque pour La France insoumise (LFI) et pour Jean-Luc Mélenchon, qui milite depuis plusieurs mois pour une liste commune de toutes les composantes de la Nupes (Insoumis, socialistes, écologistes et communistes) pour ces élections qui représentent un véritable test de mi-mandat pour Emmanuel Macron.
Face à ce constat, le coordinateur de LFI, Manuel Bompard a finalement expliqué ce mardi qu’il allait «faire avec ceux qui veulent» une liste pour les élections européennes, sur la base du programme commun de la Nupes établi par les jeunes de ces partis. «Qu'est-ce que vous voulez que je fasse? Je ne vais pas les forcer», a-t-il reconnu à l'antenne de Sud radio.
Les jeunes de la Nupes avaient en effet présenté début septembre 166 mesures pour les élections européennes de 2024, assurant avoir œuvré dans un processus de «compromis» et avoir surmonté toutes les divergences entre partis. Une initiative visiblement insuffisante pour rassembler une gauche trop dispersée qui ne cesse de s'écharper depuis plusieurs mois.
Les responsables de la NUPES acceptent de poursuivre notre travail commun pour les européennes !
Le 6 septembre, nous avons présenté nos 166 propositions pour l’Europe.
Nous proposons désormais aux partis une première réunion commune de travail programmatique. pic.twitter.com/9nRdAzlRzt— Jeunes Écologistes (@Jeunes_Ecolos) September 22, 2023
LFI et PCF se rejettent la faute
Désormais, si l’optique d’une liste commune semble plus que lointaine, entre La France insoumise et le Parti communiste, chacun se rejette la responsabilité des coups de canif portés à l'alliance de gauche, sans vouloir assumer la responsabilité d'une potentielle disparition de l'union. Les chefs des deux camps s'accusent mutuellement de vouloir la fin de la coalition créée aux dernières législatives afin de gagner de la liberté de mouvement pour 2027, élection sur laquelle plane l'ombre de Jean-Luc Mélenchon, ce qui exclut tout passage par une primaire.
«Il est l'heure de sortir de ce Cluedo politique pour savoir qui a tué la Nupes», a exhorté lundi soir le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure dans un courrier envoyé aux dirigeants des autres formations. «Nous sommes plus qu'un simple accord électoral mais nous ne sommes pas pour autant un parti unique. Nous sommes une coalition», a-t-il ajouté.
Dans ce contexte, le député de Seine-et-Marne a proposé à ses alliés une «réunion rapide de leurs formations politiques, dans un format et des modalités à définir ensemble» pour permettre «un dialogue serein». Pas suffisant pour convaincre Manuel Bompard, qui a déjà refusé d'y aller si c'est «pour acter une désunion». «Ce qui décourage les Françaises et les Français, c'est l'absence d'union, c'est l'idée que ce qu'on a constitué l'année dernière avec la Nupes, ça serait déjà derrière nous», a-t-il estimé.