La société de cosmétiques Sephora fait l'objet d'appels à boycott depuis la diffusion sur ses réseaux sociaux d'un clip dans lequel elle met en scène des hijabeuses jouant au football.
Des internautes ont appelé à boycotter Sephora, la chaîne de magasins de vente de parfums et de produits cosmétiques française. En cause ? La diffusion sur ses réseaux sociaux d'un clip dans lequel elle met en scène des hijabeuses jouant au football.
Les Hijabeuses est un collectif de femmes créé en 2020, sous l’égide de l’association Alliance citoyenne, et réclame le droit de porter le voile (hijab) lors des matchs de football. «Chaque week-end, des jeunes femmes se font exclure d’un terrain de foot et interdire de jouer le match parce qu’elles portent un voile. Les arbitres appliquent le règlement intolérant et injuste de la Fédération française de football (FFF) qui prive des centaines de personnes de la pratique de leur sport favori en compétition», affirme le collectif sur son site.
Sephora s’est donc associé au collectif pour une nouvelle campagne de cosmétiques. La vidéo promotionnelle montre différentes joueuses de l’équipe qui racontent leur choix de se tourner vers les Hijabeuses.
Cette campagne n’est cependant pas au goût de certains internautes, qui, opposés au port du voile, ont appelé au boycott de la marque.
Vous êtes au courant @Sephora que le conseil d'état a dit non au hijab dans le sport ? #Honte #BoycottSephora https://t.co/se7FLjihoj
— valérie Expert (@valerie_expert) September 11, 2023
Plus jamais je fous un pied chez #Sephora qui soutient la propagande des frères musulmans. Boycott total.
Bye bye @Sephora #BoycottSephora #hijab https://t.co/TUNvS6fgmg— Victoire (@Beepop2) September 11, 2023
La question du port du hijab sur les terrains de football avait agité le débat public au début de l'été.
En effet, le collectif des Hijabeuses avait contesté devant la justice l'article 1 du règlement de la FFF qui interdit depuis 2016 «tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale». Cet article interdit donc théoriquement aux joueuses d’entrer sur le terrain avec leur voile lors des rencontres officielles.
L'interdiction maintenue
Le Conseil d'État avait été appelé à se prononcer sur la question. Dans un premier temps, son rapporteur public avait préconisé la levée de l’interdiction, affirmant qu’il n’y avait ni «prosélytisme», ni «provocation» dans le seul port du hijab, et aucune «exigence de neutralité» pour ces joueuses. Cette position avait provoqué une levée de bouclier, notamment à droite et à l’extrême droite, mais aussi chez l'exécutif.
Cependant, l’institution s’est finalement positionnée au mois de juin en faveur du maintien de l’interdiction du port du hijab dans le football, contre l’avis de son rapporteur. Elle a ainsi estimé que la FFF avait le droit de mettre en place les règles qui lui semble nécessaires au «bon déroulement» des compétitions. «Si les licenciés ne sont pas soumis, contrairement aux agents des fédérations et aux joueurs des équipes de France, à l’obligation de neutralité, les règles de participation édictées par ces fédérations peuvent limiter leur liberté d’expression de leurs opinions et convictions pour garantir le bon fonctionnement du service public et la protection des droits et libertés d'autrui», avait notamment déclaré le Conseil d’État.
Ce n’est pas la première fois que les Hijabeuses s’associent avec une marque grand public. Elles ont notamment collaboré avec Nike dans plusieurs campagnes de vêtements de sport.