Selon un rapport de France Stratégie publié ce mercredi 6 septembre, les inégalités sociales liées au statut migratoire, au genre ou à l’origine sociale se creusent à l’école à chaque étape de la scolarité des élèves français.
Une enquête aussi intéressante qu’inquiétante sur les difficultés du système éducatif français. Dans un rapport paru ce mercredi, l’institution de prospective France Stratégie, rattachée au Premier ministre, démontre que les inégalités sociales grandissent à l’école à chaque niveau de la scolarité des élèves français.
Cette étude analyse la manière dont se fabriquent les inégalités aux différentes étapes de la scolarité (crèche, école primaire, collège et lycée), en fonction de trois variables (sociale, migratoire et de genre), grâce aux statistiques du ministère de l'Éducation et de l'OCDE.
[Inégalités] Origine sociale, ascendance migratoire, genre… Quels sont les facteurs qui influent le plus sur les parcours scolaires ? Nos derniers travaux quantifient et qualifient le poids des caractéristiques héritées sur les trajectoires des élèves.
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«L'école en France peine à déjouer le rôle exercé par l'origine sociale, le sexe et l'ascendance migratoire sur les performances et les parcours des élèves», révèle le rapport du service de prospective de Matignon.
«C'est l’origine sociale qui, dans notre pays, pèse le plus sur les trajectoires des élèves», détaille ce dernier. En revanche, «les inégalités nettes liées à l'ascendance migratoire et au genre sont plutôt moins prononcées en France qu'ailleurs», nuance le rapport.
La rapport pointe du doigt le poids de l'origine sociale dans la scolarité dès l'âge de 2 ans. C’est à cet âge que «les enfants issus d'un milieu socialement ou culturellement favorisé maîtrisent davantage de compétences utiles pour l'acquisition ultérieure des savoirs scolaires», en particulier le vocabulaire. A noter aussi que les enfants défavorisés sont peu accueillis en crèche, alors qu'ils «ont le plus à gagner des modes d'accueil formés», selon l’étude.
l'école élémentaire fondamentale dans les trajectoires
Une différence encore plus marquée à l’étape supérieure, à savoir dès l’entrée à l’école, où les élèves issus de milieux favorisés maintiennent leur avantage. L’école primaire «constitue une étape importante de la cristallisation» des trajectoires entre les jeunes issus d’un milieu favorisé ou défavorisé, d’après l’enquête.
Cette différence de préparation des élèves se répercutent au collège, où les inégalités sociales entre établissements «contribuent à la divergence des parcours». A l’issue du collège, jugé comme un «accélérateur des inégalités scolaires», les «inégalités dans les chances de réussite perdurent, voire se creusent au lycée».
Au lycée, l’écart est immense entre le pourcentage d’élèves favorisés scolarisés en seconde générale et technologique (79,3%) et ceux issus de milieu modeste dans le même cursus (35,8%), selon les calculs de France Stratégie.
Ce différentiel est encore plus marqué au sein de l’enseignement supérieur, avec 64,2% d’étudiants d’origine favorisée scolarisés contre 27,5% pour les élèves d’origine modeste.
Des pistes pour faire évoluer l’égalité des chances
Le rapport identifie «des inégalités horizontales», liées notamment aux spécialités choisies au lycée général. Ces dernières viennent «se superposer aux inégalités verticales d'accès et de niveau de diplôme». L’enquête conclut alors que «l’accès à l'enseignement supérieur prolonge les inégalités de parcours scolaires».
Les auteurs de ce travail de fond souligne une problématique majeure, à savoir «le ciblage des politiques éducatives». L’une des autrices, Johanna Barasz, assure que «la question doit dépasser celle des seuls Réseaux d'éducation prioritaire (REP)». Cette dernière affirme que les enfants défavorisés ne sont pas tous scolarisés dans ces REP et donc qu’une partie d’entre eux échappe aux politiques d'aide mises en place par l’État.