À l’occasion de «l’initiative d'ampleur» menée ce mercredi par Emmanuel Macron, les représentants des partis politiques ont été conviés à des réunions de travail, suivies d'un repas. Une invitation à dîner boycottée par une partie des convives, notamment à gauche, qui s’est finalement transformée en une dernière réunion de travail.
Un dîner polémique. Ce mercredi 30 août, le président de la République reçoit les responsables de l'ensemble des partis politiques représentés au Parlement afin d'échanger pour trouver des consensus, dans l'optique de «sortir le pays des crises» et de «mener des réformes de grande ampleur», tout en s'assurant que chacun puisse «converger sans reniement ni renoncement», dans l'intérêt supérieur des Français.
Un dîner transformé en réunion
Au programme : trois réunions successives, qui devaient se conclure par un repas entre tous les participants. Une invitation à dîner rapidement déclinée par une partie des invités, notamment à gauche, où les responsables de la Nupes (LFI, PS, PCF, EELV) ont indiqué qu'ils se rendraient sans «illusion» au sommet inédit et à huis clos organisé par Emmanuel Macron à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), mais sans participer au dîner prévu ensuite.
«Nous ne voulons pas participer de nouveau à une mise en scène médiatique», expliquaient-ils alors dans cette lettre commune au président de la République pour justifier ce boycott culinaire. Mais le flou sur l'organisation de ce sommet se dissipant progressivement, et le dîner étant désormais présenté comme un repas de travail inclus dans le programme des discussions, les chefs de la Nupes ont alors réagi en ordre dispersé.
La gauche divisée
Le coordinateur de la France insoumise Manuel Bompard est resté sur une position intransigeante en refusant de dîner. «Je pense que ce qui est important, c'est les moments qui peuvent être utiles pour le pays et je ne vois pas l'intérêt de manger avec le président de la République, même avec une grande cuillère», a-t-il martelé au micro de Sud Radio.
Le communiste Fabien Roussel s’est quant à lui montré plus conciliant. «Je ne me voyais pas manger bras dessus, bras dessous en parlant de nos vacances, mais il paraît que la discussion va se poursuivre pendant le dîner, donc s'il y a des plateaux repas, on les mangera», a-t-il expliqué mercredi matin sur Europe 1, précisant qu'il «ne veut pas lâcher le morceau» sur les questions de fond.
Au PS, Olivier Faure semble également prêt à amender sa position. «Si c'est pour travailler, ok», fait savoir son entourage. Quant à la cheffe de file des écologistes, Marine Tondelier, elle a préféré botter en touche. «Personnellement, ce qui m'intéresse, ce n'est pas ce que je vais manger et avec qui, mais de quoi je vais parler et comment nous allons parler, et cela, à quelques heures de l'échange, nous ne savons toujours pas, ce que j'estime peu respectueux», a-t-elle déploré sur LCI.
À droite et au centre, en revanche, tous les invités ont confirmé leur participation, soit les représentants des partis Renaissance, Modem, Horizons, UDI, et les Républicains, à l’exception de Jordan Bardella, au Rassemblement national, qui à l’image de Fabien Roussel ce mercredi sur CNEWS, a indiqué qu’il participerait au dîner seulement s’il s’agit bien d’une réunion de travail, axée sur des sujets de fond.
Des thématiques clés
Justement, sur le fond, cette troisième et dernière réunion sera consacrée à des thématiques clés comme l’immigration, le travail, les services publics ou encore le maintien de l’ordre. Les participants seront invités à émettre leurs propositions pour trouver des solutions pour «faire nation». Des thématiques qui opposent particulièrement tous les participants, et pour lesquelles Emmanuel Macron pourrait éprouver des difficutés à obtenir des «consensus».
Et pour cause, le président de la République aura pour mission de trouver un terrain d’entente pour convaincre des personnalités aussi différentes que Jordan Bardella, Manuel Bompard, Éric Ciotti ou Marine Tondelier. «Tout doit être mis en œuvre» pour éviter «le blocage» que représenterait une éventuelle motion de censure votée par la droite avec les autres oppositions et donc susceptible de faire tomber le gouvernement, résume un cadre de la majorité.
Selon les premiers éléments recueillis par CNEWS, des brouilleurs téléphoniques seront installés dans la salle des réunions et du dîner. Aucune prise d'image ne sera donc autorisée et aucune zone de duplex ne sera prévue. «Le président a parlé de main tendue, d’un échange loyal. Ce mot loyal va se traduire dans les faits : pas de collaborateur présent, pas de tour d’image, pas de micro tendu. L’idée est de discuter en confiance, à huis clos», précise un conseiller ministériel. La fin du dîner est prévue pour 23h.