Au terme de l’enquête ouverte sur la mort d’Adama Traoré en 2016, le parquet de Paris a requis ce mercredi 26 juillet un non-lieu, a-t-on appris de l’AFP se basant de source proche du dossier.
Le parquet de Paris a requis ce mercredi un non-lieu au terme de l'enquête sur la mort en juillet 2016 d'Adama Traoré dans l'enceinte de la gendarmerie de Persan (Val-d'Oise) à la suite de son interpellation par des gendarmes, a appris l'AFP de source proche du dossier.
Cette évolution était attendue, personne n'ayant été mis en examen dans cette affaire, érigée en symbole des violences policières.
La décision finale sur un éventuel non-lieu ou une relance des investigations revient désormais aux juges d'instruction chargés du dossier.
«Au terme d'un réquisitoire particulièrement exhaustif de 71 pages, le parquet a donc conclu, à la lumière des investigations menées, à l'absence de quelque charge que ce soit à l'encontre des gendarmes», se sont félicités dans un communiqué à l'AFP les avocats des gendarmes, Me Rodolphe Bosselut, Pascal Rouiller et Sandra Chirac-Kollarik.
«On avait le sentiment que la justice était un petit peu prise en otage. Il y avait une forme de pression médiatique qui était maintenue. J'avais bon espoir que le droit et le réel triomphent. Il n'y a pas de violence, il y a eu un emploi de la force qui a été stricte et proportionné», a réagi Me Rodolphe Bosselut sur CNEWS.
Maître Rodolphe Bosselut, s'exprime sur l'affaire Adama Traoré : «Moi j'avais bon espoir que le droit et le réel triomphent. Il n'y a pas de violence, il y a eu un emploi de la force qui a été strict et proportionné» dans #Punchline pic.twitter.com/Kkk5RDUHKk
— CNEWS (@CNEWS) July 26, 2023
Adama Traoré, un jeune homme noir de 24 ans, est décédé le 19 juillet 2016 dans la caserne de Persan, près de deux heures après son arrestation dans sa ville de Beaumont-sur-Oise au terme d'une course-poursuite, un jour de canicule où la température avait frôlé les 37 °C.
Emmenés par Assa Traoré, grande sœur d'Adama Traoré et militante, les proches du jeune homme tiennent les militaires pour responsables de sa mort et ont fait de son décès une affaire symbole de la lutte contre les violences policières et le racisme.
L'enquête a donné lieu à une longue bataille d'expertises contradictoires entre les parties.
La famille de la victime accuse les militaires d'avoir pratiqué un «plaquage ventral», s'appuyant sur des déclarations initiales de l'un des gendarmes selon lequel Adama Traoré «a pris le poids de nos corps à tous les trois» lors de son arrestation.
Ils accusent aussi les gendarmes de n'avoir pas porté secours au jeune homme.
Adama Traoré avait eu un malaise dans leur véhicule avant de décéder dans la cour de la gendarmerie de la ville voisine de Persan. Il avait été laissé menotté jusqu'à l'arrivée des pompiers.
Selon un rapport rendu en janvier 2021 par quatre experts belges, confirmé en août 2022 par un complément d'expertise, son décès a été causé par un «coup de chaleur» qui n'aurait toutefois «probablement» pas été mortel sans son interpellation par les gendarmes, qui avaient menotté le jeune homme alors qu'il se débattait allongé sur le ventre.
Les trois gendarmes ayant procédé à l'arrestation ont été placés en novembre 2018 sous le statut intermédiaire de témoin assisté au titre de l'infraction de non-assistance à personne en péril.