La préfecture de Charente-Maritime a autorisé l’expulsion par la police d’une locataire aveugle de 97 ans en raison de loyers impayés, a appris l’AFP mercredi 19 juillet.
Une procédure «cynique», dénonce l’avocat de la nonagénaire. Une vieille femme aveugle de 97 ans est menacée d’expulsion suite au feu vert donné par la préfecture de Charente-Maritime, a appris l’AFP mercredi 19 juillet.
Et pour cause, la nonagénaire a plusieurs milliers d’euros de loyers impayés, ce qu’elle conteste. Le litige avait été tranché une première fois en sa défaveur, en mars 2019 par le tribunal judiciaire de La Rochelle, puis en novembre 2020 par le tribunal de Poitiers.
Ce même mercredi, le député MoDem de La Rochelle Olivier Falorni a écrit au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin au sujet de l'affaire, dénonçant un «excès de zèle totalement déshumanisé» qu'il espère «voir stoppé le plus rapidement possible».
Le 22 juin dernier, soit plus de trois ans après le début de la procédure, la commission départementale de coordination des expulsions locatives avait émis un «avis favorable à l'octroi du concours de la force publique».
Le préfet avait ainsi alerté par courrier la locataire de 97 ans sur la date de son expulsion prévue à partir du 16 août. Dans la lettre figurait également une mention l’informant qu’elle pouvait «contacter par téléphone le 115» si elle ne trouvait pas de solution de relogement d'ici là.
Une opération de promotion immobilière également impliquée ?
Cette décision a suscité l’indignation de la défense de la nonagénaire : «Quel danger peut-elle bien représenter ?», a interrogé son avocat François Drageon.
«C'est une réfugiée du franquisme. Elle est arrivée en France il y a quatre-vingts ans, occupe depuis soixante ans cette maison à La Rochelle et on va l'expulser sans autre solution que d'appeler le 115. C'est une condamnation à mort», a-t-il poursuivi face à l’AFP.
De son côté, le cabinet du préfet a justifié cette procédure par des loyers impayés depuis 2017 : «En 2020, on constate la vulnérabilité de cette dame et on met en place un accompagnement social jusqu'à fin 2022. Deux logements lui ont été proposés, elle les a refusés», a expliqué Marie-Élise Tilly, directrice de cabinet, interrogée par l'AFP.
La préfecture a mentionné que le courrier envoyé au début du mois de juillet à la dame aveugle de 97 ans a permis à cette dernière de se «remobiliser», en envoyant une nouvelle demande de logement aux bailleurs sociaux.
En mars dernier, une précédente lettre lui avait été adressée, mais elle n’avait pas abouti, en raison des «contraintes» liées à l'âge et à la santé de la nonagénaire, selon l’avocat de cette dernière.
D'après lui, au-delà du litige financier, l'expulsion de la vieille dame conditionnerait une opération de promotion immobilière pour laquelle la maison doit être rasée.