Depuis 2008, le nombre de mandats successifs pour un président de la République est limité à deux. Selon Richard Ferrand, qui estime que c’est aux Français de décider, cette limitation n’est pas une bonne chose. Dans ce contexte, Emmanuel Macron pourrait-il effectuer un troisième mandat ?
Emmanuel Macron candidat à l’élection présidentielle 2027 ? C’est le scénario envisagé par le pilier de la macronie et ancien président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand, qui estime que la limite de deux mandats consécutifs pour un président de la République n’est «pas une bonne chose» pour la France. Pour ce faire, Emmanuel Macron devrait modifier la Constitution et dispose de deux moyens pour y parvenir : un référendum, ou l’accord de trois parlementaires sur cinq. Un scénario hautement improbable qui a peu de chances d’aboutir.
«La Constitution, aujourd’hui, bride le choix des électeurs, c’est aux Français de décider s’ils veulent confier le pouvoir à quelqu’un ou non», a martelé Richard Ferrand dans les colonnes du Figaro. Il assure «regretter tout ce qui bride la libre expression de la souveraineté populaire», comme «la limitation du mandat présidentiel dans le temps, ou le non-cumul des mandats», a-t-il précisé.
«Tout cela corsète notre vie publique dans des règles qui limitent le libre choix des citoyens. Ça affaiblit notre vie politique en qualité et en densité, et la rend moins attractive», a-t-il également avancé.
maximum Deux mandats consécutifs depuis 2008
Pourtant, un tel scénario n’est pas si simple à mettre en œuvre. Selon le deuxième alinéa de l’article 6 de la Constitution, qui détermine le mode d’élection du président de la République, introduit lors de la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le nombre de mandats successifs est limité à deux, pour «éviter la monopolisation de la fonction politique».
Avant cette date, le président de la République française était élu pour un mandat de sept ans, réduit à cinq ans par un référendum en l’an 2000, renouvelable sans limitation du nombre de mandats. Toutefois, aucun président de la Ve république n'a concouru pour un troisième mandat.
Les deux seuls présidents ayant fait deux mandats consécutifs entiers sont François Mitterrand, qui ne s'est pas représenté à la suite du cancer auquel il succomba peu après la fin de sa présidence, au début de l'année 1996, et Jacques Chirac, qui avait envisagé de se représenter pour la troisième fois mais renonça en raison de mauvais sondages, de son âge (74 ans début 2007) et de la montée de Nicolas Sarkozy.
Emmanuel Macron victime de sa faible popularité
Pour y contrevenir, il serait nécessaire de modifier la Constitution et, à ce sujet, la loi est claire. Une modification constitutionnelle ne peut s’opérer que de deux manières : à l’aide d’un référendum, ou bien du vote des trois cinquièmes des députés à l’Assemblée nationale.
Au vu de la popularité d’Emmanuel Macron, qui ne cesse de baisser, notamment après l’épisode tumultueux des retraites, la première option semble d’ores et déjà révolue, tandis que la majorité relative obtenue par Renaissance ne permet guère d’envisager une plus grande réussite à travers la seconde.
Il apparaît donc hautement improbable qu’Emmanuel Macron puisse se présenter pour la troisième fois consécutive en 2027, au grand regret de Richard Ferrand, qui souhaite «changer tout cela en préservant le bicamérisme et le Conseil constitutionnel, gardien vigilant des principes républicains et des libertés publiques». Autant de propositions que l’ancien socialiste a dû soumettre à Emmanuel Macron, lui qui a déjà promis à plusieurs reprises de mener une révision constitutionnelle.
Richard Ferrand fait machine arrière
Face au tollé suscité par ses propos, avec notamment de nombreuses réactions de la part de l'opposition, de gauche comme de droite, l'ancien président de l'Assemblée nationale a tenu à préciser ses dires, affirmant qu'il s'agit d'une position qu'il a «toujours tenue», et non «de circonstance».
«Mon propos ne consistait pas à dire qu'il fallait changer des règles en vue de 2027 mais que, d'une manière générale, il fallait permettre à notre démocratie, à mon avis, de respirer mieux, en laissant en toutes circonstances, le dernier mot aux électrices et aux électeurs», s'est-il justifié.