Selon un sondage de l'institut CSA pour CNEWS, dévoilé ce jeudi 15 juin, 66% des Français plaident pour une restriction du droit d'asile. Les élus de droite et d'extrême droite ont appelé à revoir les règles européennes en la matière après l'attaque au couteau survenue à Annecy.
Alors qu'une réforme de l'asile est en cours au sein de l'Union européenne, l'attaque au couteau survenue à Annecy le 8 juin dernier a relancé le débat en la matière. A droite de l'échiquier politique, des voix ont notamment regretté que le droit européen prime sur le droit national à ce sujet. Ce jeudi, un sondage de l'institut CSA pour CNEWS indique que 66% des Français souhaitent voir le droit d'asile restreint dans leur pays.
Parmi les interrogés, femmes et hommes s'accordent sur la question puisque les deux groupes répondent «oui» à 66% à la question «La France doit-elle restreindre le droit d'asile ?». L'âge n'est pas beaucoup plus déterminant puisque la part de «oui» et de «non» est globalement similaire aux résultats globaux.
Le Parti socialiste se distingue à gauche
Ceux qui estiment que le droit d'asile ne doit pas être restreint sont les plus nombreux chez les 25-34 ans, à 39%. A l'inverse, le plus gros soutien à la restriction est observé du côté des 65 ans et plus, qui la plébiscitent à 70%. A noter que le vote «pour» l'emporte aussi largement chez les interrogés faisant partie de la catégorie socioprofessionnelle CSP- (72%). C'est plus que chez les CSP+ (59%) et les inactifs (66%).
Sans surprise, la proximité politique des interrogés fait une vraie différence sur ce sujet. Il n'y a qu'à gauche que le «non» l'emporte, avec, au global, 56% de personnes qui sont contre la restriction du droit d'asile en France. L'opposition est la plus forte du côté des sympathisants de La France insoumise, à 76%. Le Parti socialiste se distingue en tant que seul groupe de gauche où le «oui» l'emporte (51%).
Du côté de Renaissance, la répartition des forces est semblable à celle des résultats globaux, avec 63% de «oui» et 37% de «non». C'est à droite que les partisans d'une restriction du droit d'asile sont les plus nombreux, à hauteur de 89% au global et jusqu'à 100% du côté de Reconquête. Le Rassemblement national suit de près avec 95% de «oui», contre 89% chez les Républicains.
Les règles européennes du droit d'asile
Les élus de droite se sont saisis de cette question à la suite de l'attaque au couteau qui a fait six blessés dont quatre enfants à Annecy, le 8 juin dernier. L'assaillant, de nationalité syrienne, avait en effet obtenu le statut de réfugié en Suède en 2013. Au moment des faits il était donc en règle, puisque son statut de réfugié lui permettait de circuler librement et sans visa dans l'espace Schengen, à condition de ne pas séjourner plus de trois mois dans l'un des pays membres.
Les règles européennes stipulent que toute personne qui fuit la guerre et les persécutions dans son pays peut demander l'asile, en vertu de la convention de Genève de 1951. Au sein de l'UE, la politique sur le droit d'asile permet d'octroyer le statut de réfugié ou la protection subsidiaire.
C'est cette dernière protection que l'assaillant d'Annecy a obtenu en Suède, où il a vécu 10 ans avant d'entrer sur le territoire français. Il a donc pu quitter légalement la Suède et s'est d'abord rendu en Italie en mai 2022, puis en Suisse en octobre, avant de rejoindre la France à la fin de cette même année.
Quelques jours après l'attaque, le 11 juin, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, avait appelé à remettre à plat les «règles de circulation dans l'espace Schengen», estimant que l'octroi du droit d'asile est «donné dans l'Union européenne de manière beaucoup trop large». La cheffe des députés RN, Marine Le Pen, avait abondé dans son sens, réclamant la primauté du droit français sur le droit européen.
Lundi 12 juin, Clémentine Autain, députée La France insoumise, a déploré ces différentes prises de position, critiquant une instrumentalisation de l'attaque d'Annecy pour faire entendre «les thèmes de l'extrême droite». Dénonçant des propositions qui «visent à chasser toujours plus les migrants», elle a assuré : «il n'y a pas d'issue possible dans cette course sécuritaire», comme le montrent les «29 lois sur l'immigration depuis 1980 [...] qui durcissent les conditions d'accueil».