Au point mort depuis un mois, entravée par des décisions judiciaires, l'opération sécuritaire «Wuambushu» a repris de plus belle ce lundi 22 mai, à Mayotte.
L'opération «Wuambushu» en action. Les pelleteuses ont commencé à démolir ce lundi les cases en tôle de «Talus 2», l'un des plus importants bidonvilles de Mayotte, marquant le vrai départ de cette opération sécuritaire contestée.
Ce «décasage» a commencé vers 7h30 (6h30 à Paris) dans le quartier de Majicavo, sur la commune de Koungou, dans le nord de Grande-Terre, principale île du département le plus pauvre de France. Les derniers habitants avaient quitté les lieux ce lundi matin, à l'aube.
La démolition de Talus 2, qui mobilisait lundi environ 200 personnes dont 150 gendarmes, «devrait durer toute la semaine», selon Psylvia Dewas, chargée de la résorption de l'habitat illégal à la préfecture de Mayotte. Les services de l'Etat ont dénombré «162 cases à démolir» dans ce bidonville, a précisé sur place le préfet, Thierry Suquet. «On peut considérer aujourd'hui qu'il y a la moitié des familles qui vivaient dans ce quartier qui ont été relogées», a-t-il assuré.
un nouveau départ pour l'opération
Les autorités françaises ont déployé depuis avril des centaines de policiers et gendarmes à Mayotte pour mener une série d'interventions des services sécuritaires et sociaux regroupées sous le nom mahorais de «Wuambushu».
Cette opération, qui vise à réduire l'habitat insalubre, lutter contre la délinquance et expulser les migrants en situation irrégulière, pour la plupart venus de l'archipel des Comores voisines, était quasiment au point mort depuis son lancement il y a près d'un mois.
Prévue initialement le 25 avril, la démolition de Talus 2 avait été suspendue par le tribunal administratif de Mayotte à Mamoudzou, avant que deux nouvelles décisions de justice ne donnent raison à l'Etat, la dernière datant de mercredi.
Gérald Darmanin satisfait
Ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin s'est félicité de la reprise de l'opération sécuritaire sur le département français.
«Le volontarisme politique paye : nous continuons la destruction des bidonvilles, dans lesquels habitaient de nombreuses familles dans des conditions indignes, en proposant des relogements», a-t-il tweeté ce lundi.
À Mayotte, ce matin, le volontarisme politique paye : nous continuons la destruction des bidonvilles, dans lesquels habitaient de nombreuses familles dans des conditions indignes, en proposant des relogements.https://t.co/vqpX9BQQko
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) May 22, 2023
Au total, les autorités prévoient de détruire un millier de logements insalubres à Mayotte sur plusieurs mois, dans une quinzaine de périmètres. Le préfet a défendu une politique «équilibrée» qui, selon lui, permettra «aux Français qui vivent dans ces conditions-là et aux étrangers en situation régulière» d'avoir «un hébergement adapté».
bras-de-fer avec les comores
La question migratoire est au cœur de l'opération «Wuambushu». Sur les 350.000 habitants estimés de Mayotte, la moitié n'a pas la nationalité française. Et seul un tiers des habitants des quartiers insalubres la possède.
Les migrants présents à Mayotte sont issus des Comores, archipel voisin qui a pris son indépendance de la France en 1975 tout en revendiquant sa souveraineté sur Mayotte, qui a fait le choix d'appartenir à la République française via plusieurs référendums.
L'opération «Wuambushu» fait l'objet d'un bras de fer entre Paris et Moroni, qui avait entraîné la suspension de la liaison maritime entre Mayotte et la proche île comorienne d'Anjouan pendant près de trois semaines. Mercredi, les expulsions de sans-papiers comoriens ont pu reprendre mais les Comores n'acceptent que les retours volontaires, selon le gouvernement.