L'Assemblée nationale a adopté ce mardi à l'unanimité une résolution demandant d'inscrire le groupe paramilitaire russe Wagner, accusé d'exactions en Ukraine et en Afrique, sur la liste de l'Union européenne des organisations terroristes.
Mis en lumière depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, le groupe paramilitaire russe Wagner est accusé de nombreuses exactions, voire de «crimes de guerre» en Afrique et en Ukraine.
C'est en partant de ce constat que les députés français ont voté à l'unanimité la résolution, portée par l'élu Renaissance Benjamin Haddad, d'inscrire le groupe de mercenaires sur la liste des organisations terroristes.
Appeler la France et l’UE à inscrire le groupe militaire privé Wagner sur la liste des organisations terroristes
L'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité la proposition de résolution.
En savoir plus : https://t.co/TgeGRj2Imz#DirectAN pic.twitter.com/3TVx9FpDZj— Assemblée nationale (@AssembleeNat) May 9, 2023
«L'activité du groupe Wagner répond à la définition européenne du terrorisme», a plaidé dans l'hémicycle Benjamin Haddad, décrivant une «armée du chaos» se tenant «au côté de la Russie de Poutine», et dont les membres «sèment l'instabilité et la violence».
Il a également cité le soutien du groupe militaire au régime de Bachar al-Assad en Syrie, dans sa répression violente contre la population après 2011, mais également les opérations des mercenaires de Wagner en Libye, au Soudan, en République Centrafricaine, au Mali et évidemment en Ukraine. Le texte parle également du dirigeant de Wagner, Evgueni Prigojine, qui a cherché à influer sur les élections présidentielles américaines via des usines à trolls numérique pour relayer des fausses informations.
Une résolution saluée par Catherine Colonna
La cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, a salué dans l'hémicycle la résolution des députés, après avoir énuméré les nombreuses exactions attribuées au groupe Wagner et cité les sanctions déjà prises par l'UE.
«D'un point de vue strictement juridique», la qualification terroriste du groupe par l'UE n'aurait «pas d'effet supplémentaire direct», a-t-elle dit. Mais «nous ne devons pas sous-estimer l'importance symbolique d'une telle désignation, ni le caractère dissuasif qu'elle pourrait avoir vis-à-vis des Etats qui seraient tentés par un recours» à Wagner, a-t-elle estimé.
Une nouvelle résolution bientôt examinée ?
Les députés français avaient manifesté fin mars leur soutien à l'Ukraine en adoptant une résolution reconnaissant comme un génocide l'Holodomor, cette famine provoquée au début des années 1930 en Ukraine par les autorités soviétiques.
Volodymyr Zelensky les avait remerciés pour ce geste qui répondait à une forte attente de Kiev au sujet du douloureux souvenir de cette famine meurtrière, ravivé par l'invasion russe du pays. La Russie avait de son côté répliqué en fustigeant un «zèle anti-russe» de l'Assemblée nationale française.
Une autre résolution relative au conflit en Ukraine pourrait prochainement être examinée en séance. Portée par le député Renaissance Pieyre‑Alexandre Anglade, elle vise à dénoncer les déportations d'enfants ukrainiens par la Russie, dans une «stratégie délibérée de destruction de l'identité nationale et de la société ukrainienne».