Les signalements adressés à la procureure de Paris sur l'utilisation du fonds Marianne, lancé en 2021 par Marlène Schiappa pour lutter contre le séparatisme, ont été transmis au parquet national financier. Une information confirmée par le PNF ce vendredi.
L'enquête se poursuit. Le parquet de Paris a transmis trois signalements au PNF concernant les subventions accordées à des associations pour lutter contre «la propagande séparatiste», après l’assassinat de Samuel Paty.
Le PNF a confirmé vendredi à l'AFP «la réception ce jour (vendredi) de trois signalements transmis par le parquet de Paris sur l'utilisation du fonds Marianne, qui sont actuellement à l'analyse».
Ces trois signalements ont été envoyés à la justice après les révélations de l'hebdomadaire Marianne, France 2 et Mediapart sur la gestion opaque de ce fonds doté de 2,5 millions d'euros lancé par Marlène Schiappa, alors ministre déléguée à la Citoyenneté, et qui aurait profité principalement à quatre structures.
17 projets retenus
La principale bénéficiaire, à hauteur de 355.000 euros, serait l'Union des sociétés d'éducation physique et de préparation militaire (USEPPM), selon l'enquête conjointe de Marianne et de France 2 diffusée le 29 mars. Or cet argent n'aurait servi qu'à alimenter un site internet et des publications très peu suivies sur les réseaux sociaux, selon l'enquête des deux médias. Il aurait également permis de salarier à hauteur de 120.000 euros deux ex-dirigeants de l'USEPPM dont Mohamed Sifaoui, auteur de livres sur l'islam politique et le terrorisme.
Le président du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), Christian Gravel, avait adressé un signalement au parquet. Mediapart avait ensuite révélé que plusieurs personnalités de gauche, dont la maire de Paris Anne Hidalgo, avaient été dénigrées dans des contenus de Reconstruire le commun, structure qui «a touché plus de 300.000 euros d'argent public, alors qu'elle venait d'être créée et n'avait aucune activité connue».
Suite à ses révélations, Anne Hidalgo et la cheffe des députés LFI Mathilde Panot avaient à leur tour saisi la justice.
Après l'assassinat de Samuel Paty, professeur décapité le 16 octobre 2020 par un jeune homme radicalisé, Marlène Schiappa avait annoncé en avril 2021 la création de ce «fonds Marianne pour la République», visant à financer des personnes et associations qui porteraient «des discours pour promouvoir les valeurs de la République et pour lutter contre les discours séparatistes notamment sur les réseaux sociaux et plateformes en ligne».
Au total, 17 dossiers ont été retenus, avait annoncé en juin 2021 le CIPDR, mais pour des «raisons de sécurité», la liste des bénéficiaires a été gardée secrète.