Après une nuit de négociations au cours de laquelle les deux candidates pressenties pour remplacer Philippe Martinez n'ont pas fait consensus, le parlement de la CGT a finalement élu Sophie Binet à la tête de la centrale syndicale. Cette ancienne conseillère principale d'éducation de 41 ans devient la première femme à occuper ce poste depuis la création de l’organisation en 1895.
Première femme patronne de la CGT. Si Sophie Binet est loin d’être une inconnue à la CGT, son élection à la tête de la centrale syndicale est venue déjouer tous les pronostics. Alors qu’aucune des deux candidates pressenties, Marie Buisson, la dauphine du secrétaire général sortant Philippe Martinez, et Céline Verzeletti, pourtant soutenue par les grosses fédérations, ne sont parvenues à faire consensus sur leur nom, c’est bien Sophie Binet qui a été élue lors de ce 53e congrès de la CGT, organisé à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
Ancienne conseillère principale d’éducation (CPE) en lycée professionnel à Marseille (Bouches-du-Rhône), et au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), Sophie Binet a amorcé ses premiers combats politiques alors qu'elle était encore étudiante en philosophie à l’université de Nantes (Loire-Atlantique). En 2003, à tout juste 21 ans, elle est élue présidente de l'Unef et s’est notamment illustrée lors du mouvement contre le contrat de première embauche (CPE) en 2006, dont elle a été l'une des figures.
féministe engagée
Alors que sa fibre politique ne fait plus aucun doute auprès de son entourage, Sophie Binet s’est ensuite engagée comme militante au Parti socialiste. En 2013, alors âgée de 30 ans, elle intègre la CGT au sein de l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens (UGICT), où elle est notamment chargée de l'égalité femmes-hommes et des questions environnementales.
Avec la CGT, ses combats sont nombreux. En 2016, elle lance la campagne #viedemère pour mettre en lumière les discriminations auxquelles sont confrontées les mères de famille qui travaillent. Un an plus tard, au début du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, elle était l'une des signataires d'une tribune qui dénonçait les conséquences des ordonnances réformant le code du travail.
Sophie Binet a également fortement critiqué l'index égalité femmes-hommes, instauré en 2019, qui selon elle, ne tenait pas compte des «exigences syndicales», notamment lorsqu'il s'agissait de remédier aux disparités salariales. L'ensemble de ses engagements lui ouvriront finalement les portes du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, dont elle est devenue membre.
À la tête de l'UGICT en 2018
Très rapidement, Sophie Binet est amenée à prendre plus de responsabilités au sein du l’UGICT-CGT et est nommée au conseil d’administration en tant que représentante du syndicat, ainsi qu’au bureau où elle est désignée secrétaire. Dans ses nouvelles fonctions, Sophie Binet a notamment participé à la création de la «Maison des lanceurs d’alerte» en 2018, et à l’amélioration de la loi visant à protéger les lanceurs d’alerte, adoptée en février 2022.
C'est finalement en cette année 2023 que la carrière de Sophie Binet prend un autre tournant, puisqu'elle est élue, à la surprise générale, à la tête de la CGT pour succéder à Philipppe Martinez. Une mission difficile, car elle aura la lourde tâche de recoller les morceaux d'un syndicat profondément divisé, à un moment où la centrale est en première ligne dans la lutte contre la réforme des retraites et à quelques jours d’une réunion de l’intersyndicale à Matignon, à l’invitation d’Elisabeth Borne.