Lancé le 19 janvier dernier, le mouvement de contestation contre la réforme des retraites s'apprête à vivre aujourd'hui, mardi 28 mars, son dixième round. Après le regain de mobilisation et de tensions enregistré jeudi dernier, l’ampleur de cette nouvelle journée d'action sera particulièrement scrutée.
Et de dix. Après le tour de force de la 9e journée de mobilisation jeudi 23 mars, l’intersyndicale appelle ce mardi à une dixième journée nationale de lutte contre la réforme des retraites.
Alors que plusieurs actions sont prévues à travers toute la France, à Paris, le cortège défilera de la place de la République à Nation.
Cette dixième journée de grève devrait en outre être à nouveau ralentie au niveau des transports publics pour les Franciliens. La RATP a notamment annoncé un trafic «très perturbé» sur le réseau RER alors que dans le métro la gêne devrait être plus modérée.
Des syndicats toujours très remontés
La grande question reste surtout de savoir quelle sera l'ampleur de cette nouvelle journée d'action nationale. Ce lundi, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a donné le ton en appelant le gouvernement à «bouger très fort sur les retraites», ajoutant qu’il n’accepterait «la main tendue» d’Elisabeth Borne aux syndicats, que si la réforme était «mise de côté».
Si pour la Première ministre il n'est pourtant pas question de reculer sur la réforme, son entourage a en effet toutefois fait savoir dimanche qu'elle souhaite «apaiser le pays» en consultant dans les semaines à venir les parlementaires, les syndicats et le patronat pour «accélérer sur les priorités des Français».
Après avoir eu recours à l’article 49.3 onze fois depuis son arrivée à Matignon, Elisabeth Borne a également indiqué ne plus vouloir utiliser cette arme constitutionnelle à l’avenir, hormis pour les textes budgétaires.
Avant de rencontrer les cadres de la majorité lundi après-midi, la chef du gouvernement avait ainsi déjà détaillé dans la matinée son «plan d’action» à Emmanuel Macron. Au cours de cette réunion, le président de la République a du reste déclaré qu'il fallait «continuer à tendre la main» aux syndicats tout en accusant les Insoumis de vouloir «délégitimer» les institutions, selon des propos rapportés par un participant.
S'exprimant sur Twitter, Jean-Luc Mélenchon lui a quelque part répondu en exhortant «la censure populaire à s'exprimer encore avec force». «Que soit bloqué tout ce qui peut l'être. Dans des formes pacifiques. Nous avons montré que nous en sommes capables», a asséné sur le réseau social l'insoumis en chef.
Une mobilisation policière inédite
Jeudi dernier, entre 1,08 million de personnes, selon l'Intérieur, et 3,5 millions, selon la CGT, ont manifesté en France. C'était autant que le 7 mars, selon la centrale syndicale, et environ deux fois plus que la précédente journée de mobilisation du 15 mars.
Depuis le 16 mars, jour où le gouvernement a déclenché l'article 49.3 pour faire passer la réforme des retraites, «114 actes de vandalisme contre des permanences politiques et parlementaires, 128 actes de vandalisme contre des bâtiments publics et 2.179 incendies volontaires ont été recensés partout en France» a fait savoir, ce lundi, Gérald Darmanin.
Dans ce contexte, le ministre de l'Intérieur a annoncé une mobilisation inédite de 13.000 policiers et gendarmes ce mardi, dont 5.500 à Paris.
Gérald Darmanin a également évoqué la venue de «plus de 1.000 éléments radicaux» à Paris, «dont certains venus de l'étranger et d'autres étaient présents à Sainte-Soline ce week-end».
Selon une source policière à CNEWS, le renseignement territorial estime que «650.000 à 900.000 personnes défileront partout en France mardi, dont 70.000 à 100.000 personnes à Paris».
Une note des renseignements que CNEWS a pu consulter indique enfin qu'une partie de la jeunesse qui ne se sentait pas concernée par le débat sur la réforme a depuis rejoint le mouvement. Ce mardi ils pourraient être deux à trois fois plus nombreux.
Le sujet des violences policières et de la répression des forces de l'ordre pourraient cristalliser leur colère. Par ailleurs, la radicalisation de certains adhérents aux syndicats a été relevée. Ils pourraient être tentés de rejoindre les groupuscules violents.