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Réforme des retraites : comment Elisabeth Borne peut-elle reprendre la main ?

Après l'épisode mouvementé des retraites, la Première ministre va tenter de rassembler son camp, tout en tendant la main aux LR et aux syndicats. [REUTERS/Pascal Rossignol]

Fragilisée politiquement après l’épisode des retraites, Elisabeth Borne s’apprête à lancer trois semaines de consultations pour rebondir et sortir la tête de l’eau. La Première ministre va tenter de rassembler son camp, tout en tendant la main aux LR et aux syndicats.

Trois semaines décisives. Après avoir utilisé, pour la onzième fois en un an, l’article 49.3 de la Constitution, et à la veille d’une dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, Elisabeth Borne a tenté de reprendre la main en clamant sa volonté d’«apaisement» et en dessinant une feuille de route tournée vers l’avenir qui débutera par trois semaines de consultations avec sa propre majorité, puis avec l’opposition, avant de finir par les syndicats.

Rassembler la majorité

S’ils ont fait front pour rejeter, à 9 voix près, la motion de censure contre la réforme des retraites, les députés de la majorité apparaissent pour le moins divisés. Et pour cause, les méthodes de la Première ministre, rompue à l’usage du 49.3, font grincer des dents. D’où la volonté d’Elisabeth Borne de commencer cette séquence de consultations par le rassemblement de ses propres troupes, afin de prôner une union indispensable pour amorcer le rebond d’une majorité relative de plus en plus esseulée à l’Assemblée nationale.

Pour ce faire, Elisabeth Borne va commencer par recevoir, dès ce lundi, les présidents des groupes parlementaires, Aurore Bergé, Jean-Paul Mattei, et Laurent Marcangeli, avant d’échanger avec les présidents des commissions de l’Assemblée, et de finalement s’entretenir avec Edouard Philippe et François Bayrou, deux alliés de taille avec qui la Première ministre doit retisser les liens après les tensions liées à la réforme des retraites.

RECONSTRUIRE UNE MAJORITÉ AVEC LES RÉPUBLICAINS

En plus des députés de la majorité, Elisabeth Borne va devoir renouer le dialogue avec les Républicains, qu’elle n’avait pas réussi à convaincre en totalité puisque 19 députés sur 61 ont voté en faveur de la motion de censure transpartisane. En outre, si la Première ministre entend respecter sa volonté de «ne plus utiliser de 49.3, sauf pour les textes financiers», l’appui des LR sera indispensable pour voter les prochaines réformes souhaitées par le gouvernement.  

Ainsi, Elisabeth Borne devrait recevoir les dirigeants du parti à l’instar d’Eric Ciotti et d’Olivier Marleix, afin de leur proposer un «programme législatif» de textes pour s’assurer de pouvoir bâtir «des majorités en amont». Une méthode qui avait jusque-là fait ses preuves à l’exception de la réforme des retraites puisque tous les précédents projets de loi avaient été votés sans encombre.

RENOUER LE DIALOGUE AVEC LES SYNDICATS

Après le rassemblement de la majorité, et le dialogue avec ses «alliés», Elisabeth Borne va devoir s’attaquer à la reconquête des syndicats, avec qui le dialogue est rompu depuis le passage en force sur les retraites et l’interview d’Emmanuel Macron mercredi dernier dans laquelle le président a accusé le leader de la CFDT, Laurent Berger, sans le nommer, de n’avoir «pas proposé de compromis» sur les retraites.

Une mission difficile pour la Première ministre qui s’est toutefois dit ouverte à tous les formats de discussion, en évoquant «des rencontres bilatérales» ou encore «une intersyndicale». S’il n’est pas question de remettre sur la table la réforme des retraites, dont l’entérinement ne dépend plus que du Conseil constitutionnel, Elisabeth Borne espère aborder sereinement les projets de loi à venir, à commencer par la future loi Travail, dans les tuyaux depuis quelques semaines avec un passage en première lecture prévu «avant le début de l’été» à l’Assemblée nationale.

De son côté, Laurent Berger a appelé le gouvernement à «bouger très fort sur les retraites» en ajoutant qu’il n’accepterait «la main tendue» d’Elisabeth Borne que si la réforme était «mise de côté». Il avait également répondu à l’interview du président de la République de manière cinglante : «Macron refait l’histoire et ment».

Finalement, si ces trois semaines de consultations seront primordiales pour redonner du crédit à Elisabeth Borne, c’est surtout la suite de la contestation dans la rue qui pourrait déterminer son avenir. Si le mouvement se poursuit et continue de se durcir, la Première ministre pourrait servir de «fusible» pour apaiser les tensions, et son avenir à la tête du gouvernement serait très menacé.

Quant à savoir si la journée de mobilisation prévue ce mardi sera la dernière, Laurent Berger a répondu : «non, ce n’est pas forcément la dernière, on va au moins aller jusqu’au conseil constitutionnel». La décision de ce dernier est attendue d’ici à trois semaines.

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