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Réforme des retraites : comment Emmanuel Macron pourrait-il reprendre le fil de son quinquennat ?

Depuis le début de son second mandat, le 14 mai 2022, Emmanuel Macron a fait face à plusieurs frondes, la dernière étant sur la réforme des retraites. [Ludovic MARIN / AFP]

Après la validation de l’essentiel de la réforme des retraites par le Conseil constitutionnel et la promulgation «à grande vitesse» du texte dans la foulée, Emmanuel Macron doit prendre la parole ce lundi 17 avril à 20h pour «reprendre la main sur son quinquennat» déjà bousculé par ce projet gouvernemental largement contesté par les Français.

Il doit (re)convaincre. Le président de la République Emmanuel Macron va s’exprimer, ce lundi 17 avril au cours d’une allocution télévisée enregistrée et diffusée à 20h. Au cours de celle-ci, le chef de l’État devrait revenir sur la validation de l’essentiel de la réforme des retraites par le Conseil constitutionnel et la promulgation express du texte au Journal officiel.

Vécue comme une «provocation», la loi du 14 avril 2023 de financement rectificative de la Sécurité sociale pour 2023 passe mal chez les oppositions qui appellent d’ores-et-déjà à de nouvelles mobilisations. À leur tour, les organisations syndicales se «désolidarisent» du chef de l’État. Pour preuve, celles-ci ont décliné une invitation de l’Élysée lancée aux partenaires sociaux.

Mais face à une rue «bouillante», le président de la République compte «relancer son quinquennat», déjà bousculé par la réforme des retraites, et ce en abordant les difficultés rencontrées par les Français au quotidien, à savoir l’inflation, la sécurité, les salaires ou encore l’éducation.

«Pour reprendre la main sur son quinquennat, Emmanuel Macron devrait aller dans les sujets qui intéressent les Français à savoir le pouvoir d’achat, la santé, les déserts médicaux, l’éducation des enfants, le prix de l’essence, de l’énergie et de l’alimentation. Il doit très vite se reprendre, mais il n’a pas la majorité pour gouverner», a expliqué à CNEWS Pierre Allorant, politologue et professeur en droit à l’Université d’Orléans.

Pour lui, «il faut qu’Emmanuel Macron change totalement de politique (…) Il faut qu’il recentre sur les priorités des Français comme améliorer les services publics, investir dans les universités et dans la recherche et prendre à bras-le-corps le réchauffement climatique», a-t-il ajouté.

Tant de défis qui attendent le président de la République pour les quatre années à venir alors même qu’en moins d’un an, son gouvernement a utilisé onze fois l’arme constitutionnelle 49.3 pour faire adopter ses textes.

«Ça va être très difficile maintenant pour le gouvernement, en tout cas dans les mois à venir, d’utiliser cette arme constitutionnelle. Il faut vraiment changer de méthode et revenir à une large concertation avec les forces économiques, sociales, associatives et environnementales et rechercher des consensus», a précisé Pierre Allorant.

«Sur les sujets comme l’école, la santé ou l’environnement, il y a moyen d’avoir des larges majorités et de ne pas passer par le 49.3 qui est brutal et qui est aujourd’hui rejeté par la majorité de la population», poursuit l'expert.

Selon le politologue, dans le cas où Emmanuel Macron continue sa politique actuelle, «il risque d’être humilié en fin de mandat en remettant les clés de l’Élysée à sa principale adversaire Marine Le Pen. C’est ce que beaucoup de démocrates craignent aujourd’hui».  

Un début de second quinquennat décevant

«Après la crise des gilets jaunes, le président de la République avait annoncé qu’il avait compris, qu’il allait changer et allait être moins vertical, moins Jupitérien, moins autoritaire et qu’il écouterait les Français et les corps intermédiaires. Mais il a fait exactement le contraire avec la réforme des retraites», a martelé Pierre Allorant.

D’après le politologue, l’attitude du chef de l’État donne l’impression qu’il est «usé comme s’il était en fin de mandat» alors que cela ne fait qu’un an qu’il a été réélu. Néanmoins, malgré quelques «couacs», Emmanuel Macron a été à la hauteur sur la forme, essentiellement quand il s’agit de «politique étrangère».

«Concernant cette dernière, Emmanuel Macron a été plus à la hauteur, même s’il a pu se tromper, en particulier sur deux questions : premièrement, sur la guerre en Ukraine où il a longtemps pensé qu’il fallait continuer à parler avec Vladimir Poutine sans effet. Puis, sur la politique africaine où l'on voit bien que la France est rejetée», a estimé Pierre Allorant.  

Une promesse oubliée

À l’heure où les organisations syndicales planifient un «1er mai unitaire», une première depuis 2022, «le programme» d’Emmanuel Macron pour ce second quinquennat est souvent remis en question par les opposants à la réforme des retraites, rappelant que le chef de l'État a été élu en grande partie pour faire barrage à Marine Le Pen.

D’ailleurs, conscient du verdict final du deuxième tour de la présidentielle, Emmanuel Macron avait déclaré le 24 avril 2022 : «Nombre de nos compatriotes ont voté ce jour pour moi, non pour soutenir les idées que je porte mais pour faire barrage à l’extrême droite. Je veux ici les remercier et leur dire que ce vote m’oblige pour les années à venir. Je suis dépositaire de leur sens du devoir, de leur attachement à la République et du respect des différences qui se sont exprimées ces dernières semaines».

«Emmanuel Macron est légitime. Il a été élu au suffrage universel direct même si beaucoup de gens ont voté pour lui surtout par défaut ou par rejet de Marine Le Pen. Néanmoins, son problème est qu’il a peut-être un peu oublié tout cela contrairement à ce qu’il avait dit entre les deux tours de la Présidentielle. Il a fait le contraire avec la réforme des retraites malgré un rejet très massif dans l’opinion», a dit le professeur en droit.

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