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Réforme des retraites : Elisabeth Borne en sursis ?

Face au farouche rejet de la réforme des retraites, Elisabeth Borne et son gouvernement sont menacés. [REUTERS / Pascal Rossignol]

L’Assemblée nationale examine ce lundi 20 mars deux motions de censure déposées par le groupe Liot et le RN. Une journée particulièrement importante pour la Première ministre et son gouvernement, menacés par une potentielle dissolution.

Le gouvernement retient son souffle. Une journée cruciale attend la Première ministre Elisabeth Borne ce lundi 20 mars, menacée par deux motions de censure déposées par le groupe Liot et le RN à l’Assemblée nationale.

Elisabeth Borne avait provoqué un déferlement de contestations jeudi dernier, annonçant devant l’Hémicycle le déclenchement de l'arme constitutionnelle du 49.3, pour faire passer sans vote la réforme des retraites.

Deux motions de censure ont ainsi été présentées aux députés cet après-midi dès 16h : une transpartisane du groupe Liot et une autre du RN. Cosignée par des députés de la Nupes, la motion Liot (Libertés, Indépendants Outre-mer et Territoires) a davantage de chances d'être votée par des élus de droite défavorables à la réforme des retraites. Mais la barre de la majorité absolue de 287 voix paraît difficile à atteindre.

Et pour cause, seulement une poignée de députés LR seraient déterminés à voter la motion de censure. Particulièrement opposé à la réforme, Aurélien Pradié a d’ailleurs annoncé lundi qu'il voterait le texte Liot pour provoquer «un électrochoc» au gouvernement. Selon lui, «une quinzaine» de députés de son groupe le suivront. 

«Ils ne peuvent plus gouverner»

Néanmoins, même si les motions de censure ont peu de chance de passer, «ils ne peuvent plus gouverner», a estimé le député Liot Charles de Courson, pour qui le président de la République Emmanuel Macron doit «changer» ou «renvoyer au peuple», par le biais d'une dissolution. 

Le rejet probable des motions vaudrait l’adoption définitive de la réforme, avant sa promulgation par le chef de l'Etat, qui pourrait s'exprimer dans les prochains jours. Une dernière solution reste à la portée de la gauche : un référendum d'initiative partagée, qui permettrait, s'il était mis en place, de demander directement l’avis des Français sur la question.  

Le numéro un de la CGT Philippe Martinez estime lui que «nous sommes passés du sentiment d'être méprisés à un sentiment de colère, notamment parce qu'on a privé les salariés du résultat de leur mobilisation», à savoir, selon lui, le rejet du texte à l'Assemblée nationale s'il était passé au vote.

Le 49.3 de trop ?

Depuis les élections législatives en juin dernier, la légitimité d’Elisabeth Borne est remise en question. Avec une majorité relative, la Première ministre a enchaîné pas moins de onze 49.3 en moins d’un an.

Et face au farouche rejet de la réforme des retraites, Elisabeth Borne doit désormais engager sa responsabilité et celle de son gouvernement, les oppositions remettant même en question l’aspect démocratique de cet outil constitutionnel et souhaitant le départ de la Première ministre.

Sur le long terme, Emmanuel Macron pourrait être amené à changer de Premier ministre même si aucune des motions n’était votée, d’après Philippe Moreau Chevrolet, politologue et président de MCBG Conseil interrogé par CNEWS

Néanmoins il ferait face à un problème majeur : «choisir quelqu’un (un Premier ministre) c’est désigner un dauphin, un possible successeur et, on le sait, Emmanuel Macron ne souhaite pas désigner de successeur, il y a donc un vrai problème de casting. Le deuxième problème c’est que le vivier de Renaissance s’est extraordinairement raréfié, il est peu probable aujourd’hui que des cadres, que des députés acceptent de faire partie de l’orchestre qui est en train de couler», assure le spécialiste.

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