C'est la conséquence de l'inflation et de l'explosion du coût du gaz et de l'électricité : de plus en plus de Parisiens se retrouvent en situation de précarité énergétique. Pour les aider, des «signalants», sortes de lanceurs d'alerte, ont été formés à repérer les familles les plus durement touchées.
La municipalité parisienne a récemment signé la «Charte du signalant» avec la fondation Abbé Pierre, des centres sociaux de la Ville de Paris et d'autres associations, dans le cadre du dispositif Slime – qui «vise à massifier le repérage, l'orientation et l'accompagnement des ménages en situation de précarité énergétique».
un réseau de «donneurs d'alerte»
Concrètement, grâce à cette charte, la Ville entend recenser et ainsi aider plus facilement et rapidement les familles parisiennes qui se trouveraient en situation de précarité énergétique. Une fois connues des services de la Ville, celles-ci pourront alors bénéficier «d'un diagnostic énergétique» et seront «aidées à trouver des solutions pour accéder à des services énergétiques indispensables».
Aujourd'hui, nouvelle étape franchie à Paris dans la lutte contre la précarité énergétique.
Nous avons rassemblé tous les partenaires du Service Local d'Intervention pour la Maîtrise de l'Energie (SLIME) pour signer la "charte du signalant". https://t.co/rDs5z7VW3d pic.twitter.com/i1zpkCRRE0— Dan Lert (@danlert) March 10, 2023
Au total, ce sont donc pas moins de «230 signalants qui ont été formés pour repérer et identifier des ménages en situation de précarité énergétique, qui pourront ensuite être accompagnés», explique Dan Lert, l'adjoint à la mairie de Paris chargé de la transition écologique, du plan climat, de l’eau et de l’énergie, qui présente la mise en place de ce «réseau de donneurs d'alerte».
Et l'objectif de la municipalité est ambitieux, selon l'élu écologiste, puisqu'il s'agit d'offrir un accompagnement individuel et adapté à chaque ménage pour améliorer le recours aux aides sociales». Car, rappelle-t-il, le taux de non recours aux aides sociales auxquelles ces ménages en situation de précarité énergétique pourraient prétendre est énorme. Parce qu'ils ne les connaissent pas, ou parce qu'ils sont trop isolés.
«On assiste à une flambée de la précarité», assure l'adjoint, qui estime à 70.000 le nombre de ménages parisiens concernés tout «en étant conscient que ce chiffre est sous-évalué». «Le 1er février 2023, un rapport sur l'état du mal-logement affirme que 22% des ménages ont souffert du froid en 2022. Ça donne la mesure de la question de la précarité énergétique, et ce, alors que les prix de l'énergie explosent en parallèle», poursuit-il.
Augmenter le nombre de ménages accompagnés
Pour pouvoir les repérer, la Ville s'appuie donc sur un «maillage associatif et institutionnel» que sont la Fondation Abbé Pierre mais aussi les services publics municipaux, afin de renforcer le nombre de ménages accompagnés. Aujourd'hui, environ 500 ménages sont soutenus dans le cadre du Slime, dont plus de la moitié sont locataires au sein du parc social de la Ville de Paris.
Avec cette nouvelle «Charte du signalant», la municipalité veut aller encore plus loin. Une fois «signalé», le Parisien ou le ménage parisien en question recevra deux visites à domicile en moins de trois mois, afin d'élaborer un diagnostic de situation (température de l'appartement, niveau de débit de l'eau...) et une fois la restitution faite, il se verra proposer une série de «solutions».
Soit il sera aidé financièrement à l'installation de petits équipements d'économie d'énergie – tels que l'économiseur d'eau installé sur les robinets, le calfeutrage des fenêtres, le remplacement des équipements très énergivores comme les radiateurs ou le frigo, énumère Dan Lert – et sera conseillé pour s'orienter vers des matériels plus performants. Soit il pourra bénéficier d'une aide ou de plusieurs aides financières pour payer ses factures d'énergie ou de fluides.
«On va encore renforcer et allouer un budget supplémentaire pour ces aides en 2023, puisqu'on va ajouter un certain nombre d'aides pour les Parisiens les plus précaires, pour une moyenne de 200 euros par famille et qui pourront venir s'ajouter à d'autres aides nationales déjà proposées par l'Etat», se félicite l'adjoint qui porte le plan de lutte contre la précarité énergétique de la Ville.