Les avocats de l'ancienne joueuse du PSG Aminata Diallo estiment que les sonorisations de son appartement et de son véhicule ont été obtenues par un détournement de procédure. Ils ont déposé une requête en annulation mardi 14 mars devant la chambre de l'instruction. Si elle aboutissait, elle pourrait faire disparaître des éléments essentiels des investigations sur l'agression d'Aminata Diallo et Kheira Hamraoui.
Cinq mois après le début de l'enquête sur l'agression le 4 novembre 2021 de Kheira Hamraoui et Aminata Diallo, les enquêteurs de la PJ de Versailles ont eu des suspicions sur une nouvelle infraction, distincte, d'escroquerie en bande organisée. Leur interrogation : qu'un agent de joueuses, un certain César M., aurait pu faire pression sur le PSG pour placer ses footballeuses. A ce titre, ils ont obtenu du magistrat qu'il autorise de mettre sur écoute la voiture et l'appartement d'Aminata Diallo, ce qu'on appelle judiciairement des sonorisations.
Problème, selon les avocats de cette dernière : dans ce volet «escroquerie» de l'enquête, depuis la mise sur écoute de la joueuse effective le 5 avril 2022, «il n'y a eu aucune mise en examen, aucun acte d'enquête, Aminata Diallo n'a même jamais été entendue». En revanche, selon les conseils de la footballeuse, l'enquête principale sur l'agression du 4 novembre 2021 s'est largement appuyée sur les résultats de ces sonorisations.
Maître Romain Ruiz explique à CNEWS que les écoutes ont nourri «presque exclusivement la thèse des enquêteurs consistant en une lente dérive psychologique devenue pour ainsi dire pathologique de Aminata Diallo à l'encontre de son ancienne coéquipière pour appuyer leur théorie d'une Aminata Diallo qui serait à leurs yeux commanditaire de l'agression de Kheira Hamraoui».
La retranscription de certaines sonorisations sans rapport avec l'escroquerie présumée ?
Pour la défense d'Aminata Diallo, les investigations sur la présomption d'escroquerie en bande organisée ne seraient en fait qu'une coquille vide qui aurait permis aux policiers d'obtenir du magistrat instructeur la possibilité de placer des micros chez la joueuse et dans son véhicule et de trouver ainsi des éléments pour leur enquête sur l'agression. Ils en veulent pour preuve le fait que la retranscription de certaines sonorisations n'a aucun rapport avec l'escroquerie présumée.
Ils dénoncent par là un détournement du code de procédure pénale et ont déposé hier une requête en nullité devant la chambre de l'instruction pour faire annuler les sonorisations. Si les avocats obtenaient gain de cause, les retranscriptions disparaîtraient de l'ensemble des investigations : côté escroquerie comme côté agression.