Le Sénat, à majorité à droite, a adopté samedi soir la réforme des retraites après dix jours de débats heurtés, offrant au gouvernement un premier succès législatif sur ce texte très contesté.
C'est un soulagement pour le gouvernement, un échec cuisant pour la gauche. «Une étape importante a été franchie», s'est félicitée Elisabeth Borne auprès de l'Agence France-Presse, alors que le Sénat a adopté samedi soir le projet de réforme des retraites, par 195 voix pour et 112 contre. La Première ministre n'a pas caché sa satisfaction, convaincue qu'il «existe une majorité» au Parlement pour adopter la réforme.
«Enfin, nous y voilà», s'est exclamé le patron des sénateurs Les Républicains Bruno Retailleau. A gauche, la sénatrice socialiste Monique Lubin a fustigé une réforme «brutale». «C'est une journée noire pour tous les salariés de ce pays».
Le Sénat a bouclé sa course contre la montre avec une journée d'avance sur l'échéance fixée à dimanche minuit, en vertu de l'article de la Constitution auquel le gouvernement a eu recours pour limiter le temps des débats législatifs.
Les sénateurs ont donc voté à une large majorité la réforme phare du second quinquennat Macron, dont l'une des mesures principales repousse l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. De nombreuses autres mesures ont été ajoutées au projet de loi.
La création d'un «CDI seniors»
Le Sénat a voté lundi 6 mars, contre l'avis du gouvernement et malgré l'opposition de la gauche, la création d'un nouveau type de contrat à durée indéterminée de «fin de carrière» pour favoriser le recrutement de salariés âgés d'au moins 60 ans. Avec ce nouveau «CDI seniors», l'employeur serait exonéré de cotisations famille. Il pourrait mettre un terme au contrat en plaçant à la retraite le salarié qui remplit les conditions pour bénéficier d'une retraite à taux plein.
Pension améliorée pour les mères de famille
Le Sénat a voté, jeudi 9 mars, en faveur d'une pension améliorée pour les mères de famille partant à l'âge légal de la retraite, mais ayant cumulé les annuités requises dès un an avant. La gauche a dit ses réserves, car la surcote ne compensera pas «la brutalité» du relèvement de l'âge légal de 62 à 64 ans. «Cela fait perdre un peu moins que prévu aux femmes, c'est un moindre recul», a souligné l'écologiste Mélanie Vogel.
Extension du dispositif carrières longues
L'extension du dispositif de carrières longues de la réforme des retraites à ceux ayant commencé à travailler entre 20 et 21 ans, pour un départ anticipé à 63 ans, a été voté par le Sénat jeudi 9 mars.
Actuellement, un début de carrière avant 20 ans peut permettre un départ anticipé de deux ans, et une entrée dans la vie active avant 16 ans peut donner droit à une retraite anticipée de quatre ans. Le projet de réforme prévoit que ce dispositif sera «adapté»: par exemple, ceux qui ont débuté avant 20 ans pourront partir à 60 ans.