Que se passera-t-il pour les opérateurs de trottinettes électriques en free-floating, si jamais les Parisiens répondent majoritairement «contre» lors de la votation organisée par la municipalité parisienne le dimanche 2 avril prochain ?
Si depuis 2020 et jusqu'à aujourd'hui, les 3 opérateurs de trottinettes électriques en libre-service – Dott, Lime et Tier – se partagent le marché parisien, ils pourraient bientôt être bannis de la capitale si jamais les Parisiens répondent majoritairement «contre» dimanche 2 avril. Date à laquelle ils donneront en effet leur avis sur le sujet, invités par Anne Hidalgo à participer à une «votation citoyenne» en répondant à la question suivante «pour ou contre les trottinettes en libre-service à Paris ?».
Une votation seulement «consultative» ?
Mais qu'adviendra-t-il des trottinettes électriques partagées si le «contre» l'emporte ? Si les Parisiens se positionnent en faveur de leur départ, alors «la fin de leur contrat prévue à l'été pourrait signer le départ définitif de ce moyen de mobilité de la capitale», confirme ce jeudi 9 mars, Anouch Toranian, l'adjointe à la mairie de Paris chargée de la participation citoyenne et du débat public.
Et si le règlement de cette votation – qui a été rendu public cette semaine – stipule qu'il s'agit seulement d'«une consultation facultative» qui permettra «d'éclairer la décision» de la maire «d'autoriser ou non les opérateurs de trottinettes en libre-service à occuper le domaine public viaire de la Ville», la majorité d'Anne Hidalgo assure qu'elle sera rangera derrière l'avis des Parisiens.
L'adjointe chargée de la participation citoyenne souligne que la décision finale «reviendra à la maire» et ce, «à la lumière de l'avis des Parisiens», obligée de concéder d'ailleurs que la parole d'Anne Hidalgo est «d'un point de vue politique» engagée dans ce processus. Et ce, peu importe le nombre de votants, dans la mesure où il n'y a «pas de condition quantitative» selon l'élue. Et d'assurer : «c'est un dispositif inédit, on ne sait pas à quoi s'attendre».
Une meilleure régulation à envisager
Un détail qui déplaît aux élus de la droite parisienne, qui aimeraient que la votation soit prise en compte uniquement si au moins un quart des Parisiens y participent. Eux qui fustigent sur le fond comme sur la forme cette «votation citoyenne» auraient aimé laisser davantage de temps aux opérateurs pour mettre en place une meilleure régulation et en mesurer les effets.
«Nous aurions aimé leur donner rendez-vous dans six ou huit mois, pour voir les effets d'une meilleure régulation. Et envisager de ne pas renouveler le contrat si effectivement, dans six mois, ce n'est pas mieux», explique Nicolas Jeanneté, élu Changer Paris dans le 15e arrondissement, mais selon qui «vous ne pouvez pas d'un seul coup décider de tout arrêter».
Peu importe l'issue de cette consultation pour Jean-Pierre Lecoq, le maire du 6e arrondissement de Paris, puisque, selon lui, le sujet mérite de tous les cas de figure que toutes les parties prenantes se remettent autour de la table pour rediscuter d'une meilleure régulation. «Est-ce qu'on ne pourrait pas être capable de travailler ensemble sur le sujet, en même temps par exemple que l'élaboration du Code de la rue ou d'un nouveau plan des mobilités par exemple ?», s'interroge l'élu.
Lui qui se dit «pour» ce vote mais «contre» l'interdiction ad vitam æternam des trottinettes électriques en free-floating estime en effet que la fin du contrat avec les 3 opérateurs devrait être l'occasion de «négocier un nouveau protocole» et de «relancer un appel d'offre bien encadré avec tout un tas de règles plus restrictives». Car le risque aujourd'hui avec cette votation, c'est qu'«on se dirige vers un scrutin où seuls les Parisiens plutôt âgés de droite vont venir voter pour interdire les trottinettes qui sont massivement utilisées par les plus jeunes».
Ce qui est sûr, c'est qu'avant même que la votation citoyenne ait eu lieu, les premiers concurrents de Dott, Lime et Tier se montrent déjà intéressés par le marché. L'un d'entre eux, Bolt, a même expliqué cette semaine que «la réouverture d'un appel d'offre permettrait à d'autres opérateurs tel que Bolt de proposer des solutions innovantes pour améliorer la sécurité et la gestion de l’espace public».