À l’heure où la mobilisation contre la réforme des retraites s’intensifie en France, plus d’1 Français sur 2 se dit très en colère contre la politique économique et sociale menée par le gouvernement, selon un sondage CNEWS.
Des Français exaspérés. Alors que l'opposition à la réforme des retraites bat son plein dans le pays, une majorité de Français se montre excédée face à la politique économique et sociale menée globalement par le gouvernement.
Selon un sondage CNEWS, 51% des Français se dit ainsi «très en colère», lorsque 31% le sont «un peu». Au total, le taux de mécontentement des Français face à la politique économique et sociale du gouvernement grimpe donc à 82%.
En parallèle, ils sont 17% à soutenir les choix d’Élisabeth Borne et de ses ministres en se disant «pas du tout en colère» (1% ne se sont pas prononcés).
Dans le détail, ce sont les plus jeunes (18-24 ans) qui sont les plus en colère contre la politique économique et sociale du gouvernement (à 58%). Ils sont suivis des 35-49 ans (54%) puis des 50-64 ans (51%). À l’inverse, les 65 ans et plus, moins impactés par les projets gouvernementaux, ne sont que 46% à se dire très en colère face aux actions de l’exécutif sur le terrain économique et social.
Autre enseignement, les deux principales catégories socio-professionnelles se disent elles aussi très en colère contre la politique économique et sociale actuelle, que ce soit les plus favorisées (53% de CSP+ «très en colère») ou les moins favorisées (55% de CSP- «très en colère»).
Concernant la proximité politique des sondés, les partisans de la France insoumise et de la gauche radicale sont les plus en colère contre la politique économique et sociale du gouvernement, tous deux à 86%. Ils sont suivis des écologistes (60%). Les socialistes, eux, ne sont que 45% à se dire «très en colère».
Sans surprise, les soutiens du parti présidentiel Renaissance sont les plus «tolérants» envers les choix du gouvernement avec seulement 21% de partisans de la majorité «très en colère».
À droite, la politique économique et sociale de l’exécutif est très contestée notamment chez les partisans du Rassemblement national (76% «très en colère») et Reconquête (72% «très en colère»). Du côté des Républicains, ils ne sont que 33% à être «très en colère».
Des projets gouvernementaux contestés
La France est entrée dans une période mouvementée depuis le 10 janvier 2023 après la présentation par la Première ministre de la réforme des retraites. Depuis, six mobilisations de grande ampleur ont eu lieu dont la dernière remonte au mardi 7 mars. Celle-ci a rassemblé 1,28 million de personnes selon le ministère de l’Intérieur et 3,5 millions selon la CGT.
Tandis que le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, au lieu de 62 actuellement, cristallise les opposants, le gouvernement tente en vain de défendre son projet qu'il juge «nécessaire et juste». Pour le président de la République, le report de l’âge légal de départ à 64 ans «est indispensable quand on se compare en Europe».
Une situation tendue qui survient alors même que le pays fait face à une inflation galopante qui a largement affecté le porte-monnaie des Français, impuissants face à une augmentation des prix des produits de première nécessité. Après avoir annoncé la mise en place d’un panier alimentaire anti-inflation, le gouvernement a buté sur la difficulté à encadrer trop rigoureusement les prix pour des questions de concurrence avant de faire une marche arrière.
Bruno Le Maire, qui était l’invité de La Matinale de CNEWS ce jeudi 9 mars, avait annoncé mardi le lancement d’un trimestre anti-inflation, où chaque enseigne proposera ses propres offres pour garantir l’accès des ménages à des produits de première nécessité bon marché.
Autre source de crispation sociale vis-à-vis de l'opinion, les nouvelles règles entourant l'assurance-chômage. Avec la nouvelle loi, plus d'un chômeur indemnisé sur deux sera concerné par la réduction de 25% de la durée d'indemnisation entrée en vigueur le 1er février, selon une étude de l'Unédic qui juge dans le même temps «difficile» de prévoir son impact sur l'emploi. Concrètement, un chômeur qui aurait eu droit par exemple à douze mois d'indemnisation dans l'ancien système n'aura plus droit qu'à neuf mois.
Sondage réalisé par questionnaire auto-administré les 7 et 8 mars sur un échantillon national représentatif de 1.010 personnes âgées de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.