Le tribunal correctionnel de Paris a relaxé neuf membres du groupe d'ultradroite des «Barjols» ce vendredi 17 février sur les treize prévenus, et en a condamné trois autres pour association de malfaiteurs terroriste, à des peines d'un à trois ans de prison ferme et un quatrième à du sursis pour détention illégale d'arme.
Terroristes en puissance ou «simple» groupe de personnes aux idées extrêmes qui se sont trouvées sur les réseaux sociaux pour donner libre court à leurs envies de violence liée à l’immigration ? Le tribunal correctionnel de Paris a rendu sa décision ce vendredi 17 février, concernant les treize «Barjols», groupe d'ultradroite à l'issue d'un procès qui a duré trois semaines.
Si sur le groupe, 9 «Barjols» ont été relaxés, trois autres ont, eux, été condamnés à des peines allant d'un à trois ans de prison ferme pour «association de malfaiteurs terroristes». Un quatrième mis en cause à lui, été condamné à du sursis pour détention illégale d'arme.
Le tribunal a estimé qu'il existait bel et bien des «actes préparatoires» en lien avec un projet d'assassinat du président Emmanuel Macron en 2018 pour trois prévenus. En revanche, le tribunal a conclu qu'il ne pouvait condamner les autres prévenus pour les desseins «d'action violente» visant des élus, des mosquées et des migrants qui leur étaient reprochés.
Redoutant une «guerre civile» à venir, sur fond d'affrontements communautaires, trouvant la France décadente et souhaitant «gérer l’immigration massive», le groupe s'était au départ constitué via une page Facebook, créée par l’un des accusés en 2017. Dans leurs discussions, il était notamment question de renverser les institutions. Des actes concrets n'avaient cependant pas été mis à jour.
4 ans de prison ferme et une relaxe pour les deux leaders
Dès lors, en plus de la volonté de s’en prendre à des mosquées, ils avaient pensé à tuer Emmanuel Macron, ce «petit dictateur», selon l’un d’eux, Jean-Pierre Bouyer. L’ex-garagiste de 66 ans avait même pensé à utiliser une lame en céramique indétectable. Considéré comme l’élément le plus dangereux du groupe et l'un des deux leaders du groupuscule, dont une perquisition du véhicule et de la maison avait permis aux forces de l’ordre de mettre la main sur un poignard, des armes à feu et un gilet militaire. Il a été condamné à quatre ans de prison dont un avec sursis.
Quant au second leader, Denis Collinet, le sexagénaire qui avait fondé les Barjols sur Facebook en 2017 afin, de son propre aveu, pour «gérer l'immigration massive» tout en souhaitant un «putsch pacifique», il a été relaxé. En effet, «entre l'acte préparatoire et le projet d'action violente, il faut un lien de causalité absolument certain. Nous avons estimé que cette certitude n'était pas possible à votre égard», a déclaré le président lors du verdict, expliquant la relaxe des neuf prévenus.
Mickaël I. s'est vu infliger quatre ans d'emprisonnement, dont deux avec sursis et David G. trois ans, dont deux avec sursis. Ces deux hommes avec Jean-Pierre Bouyer avaient été interpellés, avec un quatrième qui a été relaxé, en Moselle le 6 novembre 2018, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) redoutant un passage à l'acte imminent contre le chef de l'Etat alors en déplacement dans l'Est de la France. Un quatrième prévenu a été condamné à six mois de prison avec sursis, uniquement pour détention et cession d'arme de catégorie C.
Un «fiasco judiciaire» pour la défense
Depuis l'ouverture du procès en janvier dernier, la procureure antiterroriste avait reconnu que les projets d’actions violentes n’étaient pas «tous aboutis», mais avait cependant pointé une menace «bien réelle». Elle avait refusé la «mansuétude» à l’égard du groupe, en pointant que le dossier «n’est ni rien, ni tout». De plus, elle avait également requis six peines de prison ferme, allant jusqu'à cinq ans, autant de peines avec sursis et une relaxe.
Dans les rangs de la défense, en revanche, la tâche a été de faire comprendre que les «Barjols» n’étaient pas dangereux, mais simplement un regroupement de personnes «en colère», engluées dans «la misère sociale», le tout dans le contexte des gilets jaunes en 2017. «Monsieur Bouyer, c’est un gilet jaune, mais ce n’est pas un terroriste», avait ainsi martelé son avocate durant le procès. Ses collègues s'étaient relayés pour dénoncer un «voyage en absurdie», une «farce», un «fiasco judiciaire».