Le rapatriement en France de la journaliste et militante politique franco-algérienne Amira Bouraoui, visée par une interdiction de quitter le territoire algérien, ravive les tensions entre Paris et Alger.
Le ciel semble de nouveau s’obscurcir de part et d’autre de la Méditerranée. Alors que la France a rapatrié la journaliste et militante politique franco-algérienne Amira Bouraoui, contre la volonté de l'Algérie qui lui avait notifié une «interdiction de quitter le territoire» au regard de ses opinions politiques, les relations bilatérales pourraient continuer à se tendre entre les deux pays. Le point sur l'affaire.
Arrêtée en Tunisie
Amira Bouraoui a été arrêtée le 3 février dernier en Tunisie, après avoir tenté d'embarquer pour un vol à destination de la France, alors qu'elle était déjà frappée d'une interdiction de sortie du territoire algérien.
La militante politique, âgée de 46 ans et médecin de formation, est notamment connue pour s'être opposée à un quatrième mandat du président sortant, feu Abdelaziz Bouteflika, en 2014. Elle avait d'ailleurs séjourné pendant plusieurs mois derrière les barreaux en 2020, arrêtée à plusieurs reprises lors des manifestations des mouvements Barakat (Ça suffit ! en français) et Hirak, au sein desquels elle était devenue une figure emblématique.
Après son arrestation en Tunisie, une juge l'a remise en liberté, puis Amira Bouraoui a ensuite été conduite par des policiers au consulat français basé à Tunis.
D'après les informations du quotidien Le Monde, la militante a été accueillie «quelques heures à l'ambassade de France», avant que le président tunisien Kaïs Saïed ne lui octroie «l'autorisation de rejoindre la France».
Rapatriée par avion
Le rapatriement en France d'Amira Bouraoui a déclenché la colère d'Alger. Dans une note officielle, l'Algérie a dénoncé une «violation de la souveraineté nationale par des personnels diplomatiques, consulaires et de sécurité relevant de l'Etat français».
Ces personnels «ont participé à une opération clandestine et illégale d'exfiltration d'une ressortissante algérienne dont la présence physique sur le territoire national est prescrite par la justice algérienne», peut-on lire dans cette note.
Alger rappelle son ambassadeur à paris
Suite à ce cet acte jugé «inqualifiable» par l'Algérie, son ambassadeur à Paris, Saïd Moussi a aussitôt été rappelé à Alger pour «consultations».
Un geste fort tandis que le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, doit venir en visite officielle à Paris en mai prochain, sur invitation du chef de l'État Emmanuel Macron.
En août 2022, la venue du président de la République sur le sol algérien avait permis de consolider des liens diplomatiques dégradés entre les deux pays. Les deux présidents étaient alors apparus plus unis que jamais à l'occasion d'une déclaration commune annonçant la signature d'un pacte franco-algérien.