Invité de la Matinale de CNEWS ce vendredi 3 février, Alain Bauer, professeur de criminologie, a réagi au rapport de l’Institut pour la Justice selon lequel les aménagements de peine permettent à quatre condamnés à de la prison ferme sur dix de ne jamais passer derrière les barreaux.
Un réponse pénale inadaptée. Selon un rapport de l’Institut pour la justice, 41% des personnes condamnées à de la prison ferme ne mettent jamais les pieds dans les établissement carcéraux. D’après Alain Bauer, professeur en criminologie, ce problème est lié au système pénal français qui attribue trop régulièrement des peines de prison.
«Les citoyens devraient lire le code pénal, il a été mis en place selon un principe étrange : quoi que vous fassiez c’est prison pour tout et pour tous. Et comme cela ne marche pas, on a inventé des dispositifs d’adaptation et des alternatives aux poursuites», a expliqué Alain Bauer.
De nombreuses réformes carcérales
Au cours de la cinquième République, nombreux sont les gouvernements, à l’initiative de leur garde des Sceaux, qui ont tenté de réformer le système carcéral français. Depuis 1958 et la grande réforme de la procédure pénale, la politique pénitentiaire française n’a cessé d’être agrémentée par des réformes successives, dont la dernière en date a été menée par Éric Dupond-Moretti en 2018. Une surcharge procédurale qui n’a contribué, selon Alain Bauer, qu’a complexifier le système.
«Il y a toute une série d’outils qui ont été mis en place, et nous avons un système qui a atteint un tel niveau de complexité qu’à la fin, quand il n’y a plus d’autres solutions que la prison, on les bourre de gens dont une partie n’a rien à y faire, et une autre partie devrait y être et n’y est pas», a-t-il détaillé.
privilégier les peines alternatives
Selon Alain Bauer, le système en l’état ne permet pas de juger efficacement les justiciables et engendre une inégalité des peines, avec des criminels qui connaissent parfaitement les rouages de loi et qui ne finissent pas en prison, et à l’inverse des auteurs de «petits délits» qui encombrent les établissements carcéraux.
«Il y a un rééquilibrage à faire, il y a trop de prisonniers dans trop peu de prisons. Cela devrait être plus simple : pour les violences physiques, la prison est la réponse naturelle, surtout quand il y a récidive, et tout le reste peut se traiter par l’amende, le bracelet etc…», a proposé le professeur.
Enfin, Alain Bauer propose également de donner davantage de peines alternatives, et d’adapter au mieux la réponse pénale en fonction des délits ou des crimes commis.