Dans le cadre des commémorations marquant le 78e anniversaire de la libération des camps d’Auschwitz-Birkenau, plus de 60 collégiens et lycéens vont se rencontrer aujourd'hui, vendredi 27 janvier, au Mémorial de la Shoah, à Paris (4e). Au programme notamment, un rare moment d'échanges avec des survivantes.
Une parole plus que jamais nécessaire. Une soixantaine de jeunes collégiens et lycéens, engagés auprès d’une dizaine d’institutions liées à l’histoire et à la mémoire des juifs de France durant la Seconde Guerre mondiale, sont attendus ce vendredi au Mémorial de la Shoah, à Paris (4e) à l’occasion du 78e anniversaire de la libération des camps nazis d'Auschwitz-Birkenau.
A cette occasion, un moment d'échanges entre élèves est prévu au cours duquel ils pourront restituer leur projet pédagogique autour de grandes figures de la Shoah (déportés rescapés, enfants cachés, résistants). Surtout, ces jeunes auront le rare privilège d'échanger avec deux survivantes des camps : Ginette Kolinka (97 ans) et Evelyne Askolovitch (85 ans). Un moment retransmis en direct sur le site du Mémorial à partir de 10h30.
Pour ces collégiens et lycéens comme pour d'autres, alors que plusieurs événements en lien avec cette journée internationale à la mémoire des victimes de la Shoah se tiennent tout au long du week-end, ces moments pourraient constituer l’une des dernières occasions de rencontrer des témoins directs de cette époque sombre de l’histoire.
Cela alors même que, le temps avançant, la parole des derniers témoins s'éteint peu à peu. Plusieurs survivants vont ainsi encore consacrer de leur temps pour parler de leur vécu d’enfants déportés. C’est par exemple le cas d’Henri Borlant (95 ans), de Francine Christophe (89 ans) ou encore de Gabriel Benichou (96 ans).
Des chiffres alarmants
Les multiples interventions de ces rescapés permettent de rappeler aux adolescents les différents crimes perpétrés par la barbarie nazie à l’heure où les jeunes ont démontré, ces dernières années, une certaine «méconnaissance» préoccupante sur ce sujet.
Selon une étude néerlandaise réalisée dans le monde entier et publiée mercredi 25 janvier par la Claims Conference, une organisation mondiale qui représente les victimes juives du nazisme, 23 % des Français nés entre 1980 et 2010 pensent par exemple que la Shoah est un «mythe» ou a été «exagérée». En parallèle, 25 % d’entre eux n’ont pas pu citer au moins un nom de camp nazi.
Il y a trois ans, dans la même étude, les chiffres étaient encore plus alarmants. Concrètement, 25 % des personnes nées entre 1980 et 2010 ne savaient pas si elles avaient déjà entendu parler ou non de la Shoah.
De plus, alors que 59 % des Français avaient considéré que de moins en moins de personnes prêtaient attention à la Shoah ces dernières années, 20 % d’entre eux, nés entre le début des années 1980 et la fin des années 1990, avaient estimé qu’il était «normal» qu’un individu puisse avoir des opinions antisémites.
Une proportion inquiétante alors que, selon les dernières données, 436 actes antisémites ont été recensés en France en 2022. Si ce chiffre signe une baisse notable de 26 % par rapport à 2021 (589), a fait savoir le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), elle reste pourtant à nuancer. «Évidemment, une baisse est une bonne nouvelle, mais c'est à relativiser», a ainsi commenté le président du Crif, Yonathan Arfi, auprès de l'AFP, lorsque ces données ne traduisent que les actes officiellement recensés.
A noter enfin, à l'issue de ce week-end mémoriel, le sujet reviendra dès lundi sous une forme plus large et politique puisque la Première ministre Elisabeth Borne va présenter son plan pour lutter contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations. Celui-ci devrait «prolonger» et «enrichir» celui de son prédécesseur Édouard Philippe en 2018.
Le plan sera présenté avec la ministre déléguée chargée de l'Égalité, Isabelle Rome, a précisé la rue de Varenne au Point.