Selon une étude d’impact, la réforme des retraites présentée par le gouvernement pénalisera davantage les femmes par rapport aux hommes. Si elles devront, en moyenne, cotiser plus longtemps, leurs pensions pourraient toutefois être plus valorisées que celles des hommes.
Une réforme inégalitaire. La réforme des retraites a été officiellement présentée en Conseil des ministres ce lundi 23 janvier. Et c’est désormais officiel : l’âge légal à partir duquel il est possible de partir à la retraite sera progressivement relevé à compter du 1er septembre 2023, à raison de 3 mois par année de naissance. Il sera ainsi fixé à 63 ans et 3 mois en 2027, à la fin du quinquennat, puis atteindra la cible de 64 ans en 2030.
Mais une étude d’impact du projet de loi montre que les femmes seront plus touchées que les hommes par le report de l’âge légal de départ. En effet, elles devront travailler en moyenne 7 mois de plus contre seulement 5 mois pour les hommes.
Dans le détail, pour certaines générations, comme celle de 1980 par exemple, les femmes devront partir en moyenne 8 mois plus tard, contre 4 pour les hommes. Cela s’explique en raison d’un nombre conséquent de femmes qui pouvaient partir dès 62 ans à taux plein grâce aux trimestres acquis lors de la naissance de leurs enfants et qui devront désormais attendre l’âge légal, soit deux ans de plus, pour partir à la retraite.
Selon les chiffres de la direction de la Recherche, des Etudes, de l'Evaluation et des Statistiques (Drees), au cours de l'année 2020, 123.000 femmes ont ainsi pu partir à la retraite à 62 ans avec tous les trimestres requis.
Franck Riester et Olivier Dussopt confirment
Une information confirmée par le ministre de la Culture, Franck Riester, auprès de Public Sénat : «On n’en disconvient absolument pas, les femmes, pour atteindre leur durée de cotisation, utilisent notamment des trimestres validés par enfant, évidemment, si vous reportez l’âge légal, elles sont un peu pénalisées», a-t-il concédé. «On n'a jamais dit que tout le monde était gagnant, on demande un effort aux Français pour pouvoir équilibrer notre système de retraite, on demande un effort à tout le monde, y compris aux femmes», a-t-il conclu.
Avant Franck Riester, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, avait lui-aussi reconnu une forme d'inégalité envers les femmes, qui devrait toutefois, selon lui, ne pas perdurer dans le temps. Et pour cause, si la réforme entre en vigueur dans les délais souhaités par le gouvernement, les femmes et les hommes de la génération née en 1972 auront, à l’horizon 2030, un âge de départ effectif «extrêmement proche», avec un ou deux mois d’écart «au bénéfice des femmes qui partiront plus tôt», a-t-il souligné à l’issue du Conseil des ministres.
Le gouvernement met en avant l'augmentation des pensions
Pourtant, pas question pour l’exécutif d’avouer officiellement que cette réforme pourrait pénaliser les femmes. Au contraire, le gouvernement préfère mettre l’accent sur la valorisation des pensions des femmes, qui devrait, dans certains cas, augmenter davantage que celles des hommes. «Les femmes vont surtout gagner plus, c’est ça l’essentiel de cette réforme. Aujourd’hui les retraites sont 42 % inférieures pour les femmes par rapport aux hommes, et ce n’est pas acceptable», a justifié la ministre de la transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.
En effet, puisqu’elles vont être contraintes de travailler plus longtemps, certaines femmes vont voir leur pension augmenter davantage que celles des hommes grâce à la réforme. Toujours selon l’étude d’impact, les femmes verront ainsi leur retraite augmenter de 1 à 2,2 % en fonction des générations, contre seulement 0,2 à 0,9 % pour les hommes.
Par ailleurs, la réforme prévoit également que les congés parentaux soient désormais pris en compte, dans la limite de 4 trimestres, dans le calcul de la durée de cotisation. Ainsi, davantage de femmes, et notamment celles qui ont commencé à travailler avant 20 ans, pourront bénéficier d’un départ anticipé grâce au dispositif concernant les carrières longues. Cela ne devrait toutefois concerner que 2.000 femmes en moyenne chaque année.
Enfin, les femmes étant les plus concernées par les petites pensions, elles seront, de fait, les premières bénéficiaires de la hausse du minimum de pension pour atteindre 85 % du SMIC, soit environ 1.200 euros brut. 60 % des personnes concernées par ce dispositif sont des femmes.