Le sud et l’ouest de la France devraient connaître une forte pénurie de main d’œuvre d’ici à 2030, ce qui accentuerait les difficultés de recrutement déjà importantes dans certains secteurs comme l’informatique ou l’aide à domicile, révèle une étude publiée ce mardi 24 janvier.
Une forte pénurie à venir. Selon une étude réalisée par le service des statistiques du ministère du Travail (Dares) et France Stratégie, près de 760.000 postes par an seraient à pourvoir (en grande partie en raison de départs à la retraite) pour seulement 640.000 jeunes débutants qui entreraient sur le marché du travail. Un déficit qui pourrait être difficile à combler, particulièrement dans certaines régions.
D’après cette étude, ce phénomène s’explique par les futurs départs massifs des baby-boomers des années 1960. «Quel que soit le territoire, ces nouveaux entrants sur le marché du travail seraient globalement moins nombreux que les séniors le quittant définitivement», précisent les chercheurs. En raison de ce «déséquilibre marqué», les métiers dont les difficultés de recrutement s'accentueraient d'ici à 2030 représenteraient environ 25 % des emplois de 2019.
Dans le détail, certains métiers seraient en tension croissante partout sur le territoire : conducteurs de véhicules, cadres administratifs, cadres commerciaux, agents d'entretien, aides à domicile... Pour les aides à domicile, métier peu attractif et avec de nombreux seniors, les postes non pourvus d'ici à 2030 représenteraient ainsi entre un quart et la moitié des emplois actuels contre 5 % en moyenne pour l'ensemble des métiers.
Le Sud et l'Ouest particulièrement touchés
Mais une fois pris en compte les départs en fin de carrière, le niveau des postes non pourvus diverge selon les régions du fait de leurs spécificités économiques et démographiques. Cette aggravation des tensions serait ainsi «plus marquée dans les territoires du sud et de l’ouest dont le marché du travail est déjà très tendu», selon l'étude.
Cela s'explique par le dynamisme de l'emploi (deux fois plus fort en Occitanie que la moyenne nationale), notamment de métiers en forte croissance (personnels d'étude et de recherche, ingénieurs et cadres de l'industrie, ingénieurs informatiques...).
Dans le cas des ingénieurs en informatique, les besoins non couverts représenteraient entre un cinquième et un tiers des emplois actuels en Bretagne, Pays de la Loire, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. Si ce marché de l’emploi «attire des travailleurs d'autres régions (principalement de région parisienne), sous l'influence des métropoles, du climat et de la présence de littoraux», ces flux seront «insuffisants pour équilibrer le marché du travail dans la mesure où les jeunes débutants y seraient moins nombreux».
La façade atlantique «bénéficie, en effet, d’un afflux de retraités ou de ménages sans enfants et peut souffrir d’un départ des jeunes qui vont étudier ou chercher un premier emploi ailleurs». Les difficultés de recrutement devraient donc particulièrement s'aggraver en Bretagne (42 % de l'emploi en tension croissante d'ici à 2030), en Pays de la Loire (36 %) et en Nouvelle-Aquitaine (33 %).
Des solutions à trouver pour combler les manques
A l'inverse, l’Île-de-France afficherait la plus faible part d’emploi en tension croissante (11%) en raison d’une démographie plus jeune. Avec une grande offre d’enseignement supérieur, la région francilienne est en effet le lieu d’études de nombreux jeunes qui y démarrent aussi leur carrière.
Les régions intérieures (Bourgogne-Franche-Comté et Centre-Val de Loire), moins densément peuplées, ainsi que le Grand Est et les Hauts-de-France ont «des déséquilibres moins marqués en raison de créations d’emploi plus faibles».
«Pour parvenir à équilibrer besoins et viviers de main-d’oeuvre, il faudra recruter des professionnels exerçant un autre métier, des chômeurs, des inactifs ou des immigrants», constatent les auteurs de l'étude.
«La formation est l’un des moyens de favoriser l’adéquation entre la demande et les besoins de main-d’oeuvre. Mais elle ne saurait résoudre à elle seule toutes les difficultés d’attractivité des métiers qui appellent aussi des actions des employeurs», concluent-ils.