L’ancien président de la région Grand Est, Jean Rottner, va rejoindre un cabinet de conseil. Saisie en juillet par l'élu, la HATVP avait rendu en septembre un avis compatible avec réserves.
Président démissionnaire de la région Grand Est, Jean Rottner va rejoindre le cabinet de conseil et promoteur immobilier Réalités, une annonce qui suscite une pluie de critiques chez les élus régionaux. «Le groupe Réalités annonce l’ouverture à l’été 2023 de sa Direction régionale Grand Est. Elle sera dirigée par Jean Rottner qui, après avoir quitté la vie publique, rejoint l’aventure entrepreneuriale», a indiqué, ce vendredi 30 décembre, la société sur son site internet.
Cotée en bourse, la société Réalités se présente comme «un groupe de développement territorial», menant des projets immobiliers comme l'extension du stade Bauer à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), avec la Banque des territoires, ou l'aménagement d'un nouveau quartier à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor).
Jean Rottner accusé d'utiliser le réseau qu'il a acquis dans ses fonctions publiques
Le 20 décembre, Jean Rottner (LR) avait annoncé qu'il quittait la vie publique et se retirait de «l'ensemble de (ses) mandats» en raison «d'impératifs familiaux». Sa démission du Conseil régional est effective depuis ce vendredi. Il demeure président de la Fédération nationale des agences d’urbanisme (FNAU) jusqu'au 2 janvier. Ce recrutement a provoqué de vives réactions de la part des élus du conseil régional, certains pointant un risque de conflit d’intérêts, d'autres y voyant une atteinte à la ligne politique de la région et à la sincérité du scrutin régional de juin 2021.
«Cette annonce vient un peu vite, ce qui laisse penser que c'était déjà conclu depuis un certain temps», a réagi auprès de l'AFP Eliane Romani, chef de file du groupe écologiste. Jean Rottner «utilise le réseau qu'il a acquis dans ses fonctions publiques pour aller servir une organisation privée qui a des rapports avec les collectivités, c'est une définition du pantouflage», a-t-elle complété.
«Il part avec une quantité de données territoriales importante», s'est inquiété Christophe Choserot (Renaissance), membre du groupe centriste et maire de Maxéville (Meurthe-et-Moselle). «On était en pleine révision du Sradet (schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires, ndlr) il sait exactement quelles vont être les modifications de ce schéma, quels sont les atouts et les difficultés des territoires, ce n'est pas rien», a-t-il ajouté.
Saisie en juillet par l'élu, la HATVP avait rendu en septembre un avis «compatible avec réserves», dans lequel elle l'invitait à «s'abstenir, dans le cadre de son activité privée, d'accomplir toute démarche auprès des élus et des agents de la région Grand Est».