Le nombre de détenus a atteint en décembre le niveau inédit de 72.836 après un précédent pic en novembre, accentuant encore la surpopulation carcérale et la pression sur l'exécutif pour tenter d'y remédier.
Avec plus de 72.000 prisonniers au 1er décembre, les prisons françaises ont battu un nouveau record historique. En janvier 2021, les lieux d’incarcération français ne comptaient que 60.698 opérationnelles.
Selon les chiffres publiés par le ministère de la Justice, on dénombrait en décembre 2.844 prisonniers de plus qu'il y a un an (+4%), confirmant la tendance à la hausse qui se dessinait ces derniers mois.
Six établissements dépassent même les 200%. Parmi eux, la prison de Bordeaux-Gradignan (200,3%) ou encore la maison d’arrêt de Bayonne (201,3%).
Parmi les conséquences directes de cette surpopulation, on note la diminution de la qualité de vie. 5.420 détenus sont actuellement en surnombre par rapport aux places disponibles dans les établissements pénitentiaires (contre 12.999 il y a un an). En raison de cette surpopulation, 2.133 personnes sont contraintes de dormir sur des matelas posés à même le sol.
Plus du quart des détenus (26,4%) sont par ailleurs des prévenus, c'est-à-dire des personnes en attente de jugement et donc présumées innocentes. La densité carcérale dans les maisons d'arrêt, où sont incarcérés ces prévenus et les condamnés à de courtes peines, s'élève à 142,8%.
«Ces conditions indignes coûtent pourtant 110 euros par jour par détenu. Un peu cher pour fabriquer de la récidive et un peu cher pour faire perdre tout sens à la peine», a indiqué le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), appelant une «nouvelle fois à prendre d'urgence des mesures efficaces (et non incantatoires)».
Le @CGLPL appelle une nouvelle fois à prendre d'urgence des mesures efficaces (et non incantatoires) pour qu’enfin les prisons françaises ne comptent pas plus de captifs que de places.
— CGLPL (@CGLPL) December 28, 2022
Fruit de mois de consultations lancées par l'exécutif, le rapport des États généraux de la justice était parvenu en juillet au même constat en observant que la surpopulation carcérale en France ne permettait pas «d'assurer une réinsertion de qualité, ni de prévenir la récidive.
Ces Etats généraux avaient appelé l'exécutif à «remédier» à cette situation en mettant notamment en place un «mécanisme de régulation carcérale» fixant pour chaque établissement un seuil d'occupation au-delà duquel pourraient être «envisagées» des mesures de désengorgement.
En novembre, le nombre de détenus avait déjà battu le record qui datait de mars 2020. A l'époque, à la veille du premier confinement, l'exécutif avait pris une série de mesures exceptionnelles pour désengorger les prisons et éviter une propagation de l'épidémie de Covid-19 en milieu carcéral.