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Surpopulation carcérale : la contrôleuse des prisons appelle le gouvernement à «affronter la réalité»

À l'heure actuelle, le taux d'occupation des prisons est de 119,2% en moyenne. [Richard BOUHET / AFP]

Alors que les prisons françaises s'apprêtent à battre un nouveau record de surpopulation, Danielle Simonnot, la contrôleuse des prisons, exhorte le gouvernement à «agir».

119,2 % de surpopulation moyenne par prison. C'est le terrible chiffre officiel qui fait état d'une organisation carcérale catastrophique en France. À l'heure actuelle, 72.350 prisonniers occupent des centres pénitenciers... Pour 60.000 places.

Dans un entretien accordé à l'AFP, Danielle Simonnot, ex-journaliste au Canard enchaîné et nommée contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) en 2020, souhaite que le gouvernement «affronte la réalité» et se décide à «agir» sur cette problématique.

Une situation qui empire de mois en mois

«Il y a une exception répressive française et cette augmentation folle de la répression ne correspond pas à une hausse de la délinquance», explique quant à lui Matthieu Quinquis, président de l'Observatoire nationale des prisons (OIP).

En effet, en seulement deux ans, 13.655 détenus supplémentaires sont venus garnir des prisons déjà trop remplies. Si la crise sanitaire avait entraîné une forte chute du taux de remplissage, le nombre de personnes incarcérées pourrait dépasser le record absolu de 72.575 prisonniers, fixé en mars 2020.

Danielle Simonnot juge que «la prison reste la reine des peines» en France, critiquant une «passion française d'enfermer». De son côté, le président de la République Emmanuel Macron disait regretter, en 2018, que l'emprisonnement reste «la solution qui contente symboliquement le plus de monde».

Des prisons surpeuplés à plus de 200%

Dans certains centres d'incarcération, le taux de surpopulation dépasse toutes les proportions. La maison d'arrêt de Bordeaux-Gradignan dépasse les 200 % de capacité. «J'ai vu des gens à trois par cellule avec 0,8 m2 d'espace vital par être humain», témoigne Danielle Simonnot. Avant d'ajouter : «la nuit, le troisième détenu dort par terre et se sert d'une porte pour y poser son matelas afin de ne pas respirer des petits cafards au milieu de la poussière».

À la prison de Fresnes, de nombreux détenus souffriraient d'occlusion intestinale car les toilettes manquent d'intimité. D'autres parlent des «hurlements» de leurs co-détenus atteint de troubles mentaux. «Quand c'est un ascenseur pour huit, on n'a jamais entendu, vous pouvez à seize !», ajoute-t-elle.

Alors qu'elle parle d'«une vraie mise en danger» de la vie des prisonniers, elle exhorte les pouvoirs publics de se pencher sérieusement sur la question, en faisant «preuve de courage politique», jusqu'à porter l'inscription dans la loi. «C'est du cynisme de ne pas remédier à la réalité telle qu'elle est», exprime Danielle Simonnot.

Selon l'OIP, le taux de recondamnations après un passage en prison est de 63 %, interrogeant sur l'efficacité des peines de prison en France.

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