D’après le premier tableau de bord hebdomadaire de l'hiver publié ce mercredi par le gestionnaire du réseau de transport GRTgaz, la baisse de consommation de gaz est le résultat d’une réduction significative des consommations des distributions publiques et des grands industriels raccordés au réseau de transport.
La consommation de gaz en France a baissé de 10,5% depuis le 1er août en données corrigées du climat, selon le premier tableau de bord hebdomadaire de l'hiver publié par le gestionnaire du réseau de transport GRTgaz. En données brutes, le recul de la consommation de gaz est de 12,4% si l'on tient compte des températures très douces des mois d'octobre et de novembre, qui ont décalé la mise en route du chauffage.
Si l'on exclut également la consommation de gaz utilisée pour alimenter les centrales électriques, la baisse observée pour la France entière s'élève même à 17,1% entre le 1er août et le 11 décembre, par rapport à l'année 2018, prise comme période de référence (hors Covid-19), selon des données corrigées du climat.
Le tableau de bord de la consommation française de gaz en France pour l'hiver 2022-2023 est disponible. Les données sont mises à jour chaque semaine, en lien avec les autres opérateurs gaziers.
https://t.co/ozBM2RApLp pic.twitter.com/1L0A2VzGhp— GRTgaz (@GRTgaz) December 14, 2022
Cette baisse globale résulte d'un recul de la consommation des clients raccordés aux réseaux de distribution (-14,1%) et plus encore d'une moindre consommation de gaz des grands industriels raccordés au réseau de transport (-22,1%).
Elle est compensée en partie par une plus forte sollicitation des centrales électriques au gaz pour assurer l’équilibre du système électrique. En effet, les centrales électriques au gaz ont été «très sollicitées pour pallier les indisponibilités du parc nucléaire», a souligné GRTgaz.
Une sobriété volontaire
Selon cette même source, la chimie (-25%), l’agro-alimentaire (-17%), la métallurgie (-27%) et le secteur raffinage/pétrochimie, affecté par un mouvement de grève (-33%), sont les secteurs qui ont «le plus contribué» à la baisse de la consommation industrielle, depuis le 1er août.
Ce recul, en touchant «toutes les catégories de consommateurs, résidentiels, tertiaires et industriels (...), reflète un changement de comportement des consommateurs», estime GRTgaz, qui souligne «les effets significatifs d'une sobriété volontaire». Mais ces chiffres révèlent aussi «probablement une sobriété un peu subie en raison d'effets très importants qui font que des industriels ont baissé leur production, voire arrêté certains sites», a expliqué à l'AFP le directeur général de GRTGaz Thierry Trouvé.
«On n'aura jamais autant consommé de gaz pour faire de l'électricité cette année en France», a-t-il ajouté.
Pour le gestionnaire gazier, ces chiffres montrent par ailleurs que «le système gazier joue pleinement son rôle pour assurer l'équilibre du système électrique français» mis en tension cet hiver par une production nucléaire au plus bas depuis 30 ans.
Un hiver moins rude
GRTgaz publiera chaque semaine sur son site un tableau de bord de la consommation de gaz pour l'hiver 2022-2023, afin de «mieux apprécier les efforts de sobriété des consommateurs finaux» depuis la mise en place en octobre du plan de sobriété gouvernemental.
Alors que M. Trouvé a assuré que «la baisse de la consommation de gaz nous aidera à passer l'hiver», le gestionnaire lancera en appui une campagne de communication autour de sa plateforme EcoGaz pour inciter les consommateurs à faire des économies en cas de signaux orange ou rouge.
Depuis la guerre en Ukraine, le tarissement du gaz russe a poussé l'Europe à en acheter ailleurs et plus cher pour remplir ses stocks puis sécuriser ses approvisionnements durant tout l'hiver. Des stockages qui restaient en France au 11 décembre à un niveau de remplissage «confortable» de 89,8%, même s'il faudra rester «vigilant» et «continuer les efforts de sobriété».