Prêt à «aller plus loin face aux «dark stores» et Airbnb, l'exécutif parisien a imaginé un «nouveau plan parisien pour le commerce». Une délibération va être présentée à ce sujet au prochain Conseil de Paris, qui s'ouvre ce mardi 13 décembre.
«Paris propose déjà 12 % des locaux commerciaux à loyers réduits mais il faut aller plus loin face aux "dark stores" et Airbnb», annonce Emmanuel Grégoire, le premier adjoint à la mairie de Paris, ce dimanche 11 décembre, qui entend «défendre la qualité des artisans et des commerces de proximité de la capitale» via le «nouveau plan parisien pour le commerce».
Il faut ralentir la spéculation sur les baux commerciaux pour protéger l’identité de nos villes.
Avec @lillefrance @MartineAubry, nous avons engagé un travail sur l’encadrement des loyers commerciaux. @OliviaPolski— Emmanuel Grégoire (@egregoire) December 11, 2022
Un plan qui vise, d'après la délibération, à faire face à un certain nombre d'évolutions structurelles qui fragilisent les petits commerces parisiens, tels que «l'émergence de la vente en ligne», «le changement de consommation des Parisiens» avec plus de «bio» et moins d'achats neufs, l'apparition des «dark stores» et «dark kitchen» ou encore la transformation de locaux commerciaux en meublés touristiques,
Autant de nouveautés qui auraient, selon les chiffres donnés par la municipalité, entraîné un recul global de 1,9 % du nombre de commerces et services commerciaux à Paris entre 2017 et 2020 ainsi qu'une légère augmentation du taux de vacance des commerces parisiens qui est passé de 9,3 % à 10,5 % sur cette période.
«Loyers réduits» et «guichet unique»
Pour parvenir à inverser la tendance, le plan prévoit notamment de garantir des «loyers réduits» aux «commerces et artisans qui font la renommée de Paris» parmi lesquels Emmanuel Grégoire cite les «commerces de bouche», «librairies», «drogueries» ou «ateliers». Au total, ce sont «plus de 8.000 locaux à loyers modérés» qui leur seront proposés.
Une nouvelle «stratégie» pour aider les commerces parisiens qui consistera, «pour simplifier», en la «mise en place d'un guichet unique sous le nom de «Paris Commerces», afin d'opérer un «rapprochement géographique entre la Semaest et le GIE Commerces». Un «guichet unique pour les commerçants» afin de les aider à trouver un local et s'installer, explique le premier adjoint dans le JDD.
Une SEM [Société d'économie mixte], qui résulte donc de la fusion de la Semaest (fondée en 2004 pour acquérir des locaux) et du GIE Paris Commerces (créé en 2017 pour réunir les rez-de-chaussée appartenant aux bailleurs sociaux), dotée d'un fonds de 200 millions d'euros, dont la majorité sera financée par des investisseurs parapublics tels que la Métropole du Grand Paris ou la Caisse des dépôts et 60 millions par la mairie.
Par ailleurs, la municipalité souhaite créer une commission de préemption dédiée aux commerces. «Ce dispositif, comparable à celui existant pour le logement social, permettra à la Ville de se saisir d'opportunités d'acquisitions de biens immobiliers qui n'offrent pas d’opportunité de reconversion intéressante pour l'habitat, mais qui sont importants pour l'atteinte des objectifs de diversité commerciale et de maintien d'une offre commerciale de proximité», peut-on lire dans la délibération.
En outre, le plan prévoit de faciliter l'accès aux locaux commerciaux et autres locaux d'activités appartenant aux bailleurs sociaux aux «acteurs de l'économie sociale et solidaire, aux professions médicales ainsi qu'aux professions juridiques».
Il est également prévu d'inscrire dans le nouveau PLU [un nouveau plan local d'urbanisme «bioclimatique» en préparation pour mars, ndlr] un certain nombre de nouveaux principes, tels que la «mise en place de nouvelles protections pour les commerces culturels dans les secteurs les plus emblématiques», «l'interdiction des "dark stores" dans les locaux autres que les entrepôts» ou encore «la création d'un secteur d'encadrement des hébergements touristiques empêchant la transformation du commerce en meublés touristiques».