Quelques jours après avoir assuré «être ouverte à toute discussion pour éviter un passe Navigo à 90 euros», la présidente de la région et d'Ile-de-France Mobilités (IDFM) Valérie Pécresse abat désormais ses dernières cartes, et menace de couper les financements du Grand Paris Express.
Après avoir évoqué 3 scénarios – celui de la non-augmentation du passe Navigo grâce au soutien financier de l'Etat, celui d'une augmentation du passe Navigo de 7,5 % avec l'aide des collectivités locales et des entreprises et celui d'une augmentation de 20 % si aucune aide financière ne lui était apportée – Valérie Pécresse serait actuellement en train de réfléchir à une quatrième voie.
Valérie Pécresse veut suspendre les paiements
Pied de nez au gouvernement, et alors que la présidente de la région et d'Ile-de-France Mobilités (IDFM) estime «être face au mur», ce quatrième scénario consisterait à suspendre les dépenses relatives à la préparation des transports en vue des Jeux Olympiques de Paris 2024. Concrètement, il s'agirait donc de ne plus financer le prolongement du RER E, baptisé «Eole», mais aussi le Grand Paris Express.
Dans une délibération qu'elle doit soumettre ce mercredi 7 décembre lors du conseil d'administration d'IDFM, les administrateurs sont ainsi invités «à suspendre les dépenses relatives à la pré-exploitation du Grand Paris Expres, d'Eole et à la préparation des transports des jeux Olympiques, ainsi qu'aux réductions pour les étrangers en situation irrégulière».
Autre menace : celle de ne pas rembourser à l'Etat l'avance consentie pour éponger les pertes liées au Covid. Une menace qui s'apparente à du chantage, mais défendue par Valérie Pécresse. Cette dernière juge en effet «socialement inacceptable» une augmentation de 20 % des tarifs des transports publics franciliens, qui ferait passer le passe Navigo de 75,20 euros aujourd'hui à 90 euros au 1er janvier 2023.
Une hausse pourtant inévitable selon IDFM si l'Etat ne lui permet pas de trouver de nouvelles sources de financements pour faire face à l'inflation et à la flambée des prix de l'énergie. Parmi elles, la baisse de la TVA, la hausse de la participation des entreprises via le versement mobilités (VM) ou encore la transformation en subvention de la dette Covid.
De fait, IDFM qu'elle préside doit trouver 450 millions d'euros pour boucler son budget de fonctionnement 2023, qu'elle doit adopter ce mercredi. Un budget qui ne peut être revu à la baisse dans la mesure où la présidente a assuré ne pas vouloir baisser la qualité de service tout en continuant à vouloir investir dans la rénovation et l'amélioration de l'offre de transports dans la région.
Un rassemblement mercredi devant la Région
Des propositions qui ne font pas l'unanimité auprès de nombreux élus, qui déplorent un face-à-face stérile entre la Région et l'Etat. «Un jeu de poker menteur entre Valérie Pécresse et le gouvernement sur l'augmentation du Navigo», selon Jean-Baptiste Pegeon, conseiller régional d'Ile-de-France et membre du conseil d'administration d'IDFM, qui déplore que l'on demande «aux usagers de payer plus pour un service toujours plus dégradé».
Accompagné des élus communistes, LFI ainsi que ceux du groupe socialiste écologiste radical, l'élu écologiste appelle d'ailleurs à un grand rassemblement ce mercredi 7 décembre devant le conseil régional d'Ile-de-France, en marge de la tenue du conseil d'administration d'IDFM. L'occasion selon lui de rappeler que la situation dans les transports en commun franciliens «est aujourd'hui chaotique».
Ensemble, réunis au travers d'une campagne inédite de mobilisation participative baptisée Stopgalere.fr, ces élus – qui dénoncent «la dégradation complète du service public» – entendent bien dire «non à la hausse du prix du passe Navigo», tout comme ils se positionnent contre la privatisation de la RATP et contre l'ouverture à la concurrence des bus et bientôt des métros.