Impossible de passer à côté tant elles sont exubérantes et colorées. Nouvelle mode à Paris, les décorations en fleurs artificielles viennent ornementer de nombreuses devantures de cafés et restaurants. Un moyen d'attirer des touristes, qui ne plaît pas outre mesure à la municipalité parisienne.
Un «attrape-touriste» qui change la physionomie de Paris. De plus en plus nombreuses dans la capitale, les décorations en fleurs artificielles ont conquis un certain nombre de gérants de cafés et restaurants – le plus souvent situés dans les quartiers touristiques de la capitale – qui n'hésitent plus à mettre jusqu'à 10.000 euros pour transformer leur devanture. Une pratique que la municipalité parisienne entend réglementer.
«Remettre du cadre»
Car si le principe de fleurir les devantures de ces établissements est plutôt bien perçu, c'est le côté extravagant et gigantesque de ces ornementations florales qui posent davantage problème. Sans compter que pour que l'investissement vaille la peine, ce ne sont pas de vraies fleurs qui sont ainsi disposées en bouquets, mais bien des fleurs artificielles qui peuvent durer plusieurs années.
Certaines sont discrètes comme sur la terrasse de l'Atelier des Sœurs, place Frantz Litz (10e) ou chez Marcella, boulevard de Courcelles (8e) où ce sont des plantes moins criardes qui ont été préférées aux fleurs colorées, mais d'autres réalisations changent considérablement l'aspect général de la façade, comme au Chien qui fume, rue du Pont-Neuf (1er), où le rose des fleurs tranche avec la blancheur de l'immeuble.
«Tant que c'était mineur, ce n'était pas un sujet», avance Olivia Polski, l'adjointe à la mairie de Paris chargée du commerce, qui confirme que face à l'explosion de la pratique, la municipalité va être obligée de «regarder au cas par cas si les commerçants ont déposé des dossiers à la direction de l'urbanisme», alors que la plupart de ces décors ne sont en fait «pas autorisés» relève l'élue.
«Ce qui apparaît comme une mode n'a hélas pas grand chose de durable. Les fleurs sont soit en plastique, donc jetables in fine, soit en tissus en provenance de Chine», regrette de son côté Frédéric Badina-Serpette, élu Les Ecologistes dans le 18e, qui «face à l'emballement des restaurations» à ce sujet se dit «favorable à remettre du cadre, notamment au regard des autorisations d'urbanisme et des copropriétés».
Selon le Code de la construction et de l'habitation (CCH), «toute modification de l'aspect extérieur du bâtiment» devra en effet «être préalablement autorisée par l'assemblée générale des copropriétaires». Outre cette autorisation de la copropriété, Olivia Polski rappelle également que les Architectes des bâtiments de France (ABF) ont aussi leur mot à dire dans certains secteurs de la capitale.
Des décors qui peuvent rapporter gros
Ces nouvelles décorations n'ont d'ailleurs pas échappé aux Parisiens, qui reconnaissent l'attrait qu'elles peuvent représenter. Aux Halles, en bas de la rue Montorgueil (1er), la décoration florale du Florida s'aperçoit de loin et attire de nombreux passants, touristes comme Parisiens, qui viennent s'y prendre en photos. Même chose dans le Marais, où celle de La Favorite, rue de Rivoli (4e), se poursuit même à l'intérieur.
«C'est sûr que c'est un attrape-touriste», concède Ludovic, qui habite le quartier et assiste depuis des mois aux balais de passants venus prendre la pose devant la devanture rose pétard de l'établissement. «Il y a même un affichage au sol qui a été créé la nuit pour les inciter à venir se prendre en photos là», plaisante ce riverain, qui estime que cela «égaye un peu dans toute cette grisaille».
Un décor jugé «instagrammable», qui peut rapporter gros aux restaurateurs. D'abord en visibilité, grâce aux réseaux sociaux, qui se traduit ensuite dans les caisses. Et les commerçants sont unanimes : tous estiment que leur décoration florale leur a permis d'augmenter leur chiffre d'affaires d'environ 30 % en moyenne.