Le ministre des Comptes publics Gabriel Attal présente ce lundi dans les Pyrénées-Orientales un plan triennal (2023-2025) visant à lutter contre l’explosion des trafics de tabac en France. Au menu, des mesures fortes et un durcissement des sanctions pour toutes les personnes impliquées.
Une feuille de route pour endiguer un phénomène en pleine expansion dans l’Hexagone. Ce lundi, le ministre des Comptes publics Gabriel Attal présente un plan triennal (2023-2025) de lutte contre l’explosion des trafics de tabac en France. Cette annonce est prévue dans les Pyrénées-Orientales, l’une des routes favorites du tabac de contrebande à destination de la France.
L’objectif de ce dispositif étant «d’adapter la riposte douanière à l'ampleur inédite prise par le marché parallèle du tabac», explique le ministre dans un document relayé par l’AFP. En effet, selon les données officielles publiées par les douanes, plus de 600 tonnes, dont plus de deux tiers de cigarettes, ont été saisies sur les dix premiers mois de 2022. Un chiffre qui a plus que doublé en deux ans, avec 284 tonnes saisies en 2020 et 402 tonnes en 2021.
Un durcissement des sanctions prévu
«Je fixe à la douane un objectif clair, arrêter la fuite en avant du marché parallèle d'ici 2025», affirme Gabriel Attal. Pour y parvenir, il prévoit de déployer une dizaine de camionnettes équipées de scanners à rayon X capables de passer au crible un véhicule en une minute, pour un coût estimé à 45 millions d'euros.
Ce dernier entend également se rapprocher du garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti pour durcir les sanctions pénales contre les vendeurs et fabricants de tabac de contrebande, mais aussi contre les acheteurs.
Gabriel Attal planifie aussi la formation de groupes de lutte anti-trafic de tabac «capables de mener des opérations coup de poing et des enquêtes» dans les neuf principales zones de contrebande identifiées sur le territoire français.
Enfin, un réseau «cybertabac» doit voir le jour pour dépister les trafics en tout genre sur internet et les réseaux sociaux. Dans le même temps, un renforcement des outils mis à disposition des douanes est prévu pour leur permettre de tracer l’origine du tabac.
Un trafic qui s’apparente à celui des stupéfiants
Le chef de la direction du renseignement douanier (DNRED), Florian Colas, estime que le trafic de tabac «commence à revêtir les aspects du trafic de stupéfiants», notamment sur le plan de la distribution.
«Les organisations criminelles utilisent tous les moyens pour acheminer le produit», explique ce dernier, citant «la route, le fret express et postal, les commandes sur les réseaux sociaux, les flux de conteneurs, les «mules» et les usines clandestines».
Les deux premières usines de fabrication clandestine de cigarettes en France ont été découvertes au Poincy (Seine-et-Marne) en décembre 2021 et en septembre dernier.