Ce week-end des 3 et 4 décembre, les adhérents des Républicains doivent désigner leur nouveau président. Trois candidats principaux sont en course : Aurélien Pradié, Éric Ciotti et Bruno Retailleau. Si peu de divergences de fond les séparent, les trois hommes comptent bien s’appuyer sur leurs différences pour séduire leur électorat.
Trois candidats pour un poste. Jusqu’alors feutrées, les divergences de fond entre le secrétaire général des Républicains, Aurélien Pradié, le député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, et le chef des LR au Sénat, Bruno Retailleau - tous aspirants à prendre la présidence du parti - apparaissent au grand jour, à mesure que l’élection se rapproche.
Ce week-end marque une étape décisive puisque les adhérents doivent précisément départager les trois prétendants, sauf si, en fonction des résultats, un éventuel deuxième tour sera amené à être organisé le 10 décembre.
Présidentielle 2027, ligne économique, immigration, sécurité, et fiscalité, sont autant de thèmes qui marquent de légères mais existantes nuances entre les trois candidats.
Éric Ciotti
C’est le grand favori de la course à la présidence du parti. Rompu à la politique, député des Alpes-Maritimes depuis 2007, et questeur à l’Assemblée nationale depuis 2018, ce cadre des Républicains âgé de 56 ans représente la ligne sécuritaire et identitaire du parti, avec pour boussole les thèmes régaliens de l’autorité, de l’immigration et de la justice, sans oublier la liberté du travail.
Soutenu par Laurent Wauquiez, qu’il veut installer comme candidat de la droite pour 2027, Éric Ciotti s’appuie sur un sillon déjà creusé au Congrès des LR en 2021, celui de la droite assumée. Il souhaite désormais poursuivre son ascension nationale en prenant la présidence du parti, tout en s’ancrant sur une idéologie déjà bien connue.
Liberté économique et virage sécuritaire
Parmi ses principes, Éric Ciotti revendique une ligne économique libérale avec la suppression des 35 heures, la retraite à 65 ans à la carte, selon les professions, ou encore la rigueur budgétaire avec la suppression de 250.000 postes de fonctionnaires, hors police, justice, défense et soignants, donc principalement dans les administrations. Il souhaite également supprimer l’impôt sur les successions et les donations, et instaurer un impôt unique sur le revenu, de 15 %, tout en exonérant les revenus inférieurs au SMIC.
Du côté de la justice et de la police, Éric Ciotti milite pour de grands investissements, notamment dans la formation. Il souhaite également la création de 100.000 places de prison, le retour des peines planchers, l’abaissement de la majorité pénale à 16 ans pour les mineurs délinquants, ou encore l’instauration de peines minimales et automatiques pour les agressions contre les élus de la République, les policiers, les gendarmes et les pompiers.
immigration choisie et valeurs judéo-chrétiennes
Fidèle à ses valeurs, Éric Ciotti se veut extrêmement ferme sur l’immigration avec la suppression du droit du sol et de l’aide médicale d’État, l’abrogation du regroupement familial, ou encore l’instauration de quotas et plafonds migratoires réduits «au plus strict minimum». Il souhaite également sortir de la suprématie du droit européen sur le droit français ainsi que de la Convention européenne des droits de l’homme pour la renégocier, notamment en matière de politique migratoire.
Enfin, Éric Ciotti se démarque par une ligne plutôt conservatrice sur l’éducation, avec le retour de l’uniforme à l’école, l’obligation de chanter la marseillaise jusqu’à la fin du lycée, et la suppression de l’enseignement des langues dites «d’origine». Il souhaite par ailleurs inscrire dans la Constitution nos origines «judéo-chrétiennes» et ajouter la laïcité à la devise de la République. Il milite en faveur de l’interdiction du port du voile pour les mineurs et pour tous les usagers des services publics, à l’université ou encore dans les bureaux de vote.
Bruno Retailleau
C’est le candidat considéré comme le plus technocrate, il n’en demeure pas moins un adversaire de taille pour ses deux concurrents. Le patron des sénateurs LR, âgé de 61 ans, est lui aussi, rompu à la politique. Fort de son image de candidat des élus, et notamment des maires, ainsi que de sa respectabilité acquise au Sénat depuis huit ans, Bruno Retailleau entend bien se démarquer de son principal adversaire, Éric Ciotti, avec qui il partage pourtant une ligne commune, celle de l’aile droite de la droite.
Fidèle soutien de François Fillon à son époque, et originaire du «Mouvement pour la France» de Philippe de Villiers, Bruno Retailleau assume une idéologie conservatrice, catholique, et porte haut les questions régaliennes, ainsi que les questions identitaires comme le patriotisme ou la dépossession culturelle, qui ne seraient, selon lui «pas le seul apanage de Marine Le Pen ou d’Éric Zemmour».
Bien connu pour ses positions contre le mariage pour tous en 2013, ou pour sa «politique de civilisation», Bruno Retailleau peut compter sur de nombreux soutiens de poids, parmi lesquels Gérard Larcher, François-Xavier Bellamy, ou encore Othman Nasrou, proche de Valerie Pécresse et vice-président de la région Ile-de-France.
Contre l'immigration de masse et l'assistanat économique
Pour remporter cette élection, Bruno Retailleau l’a martelé, il veut reconstruire une droite forte, très ferme sur le régalien, et impassible sur l’immigration. Il est notamment contre «l’ensauvagement et l’immigration de masse» et souhaite l’expulsion immédiate de tous les étrangers qui ne respecteraient pas la loi. Il est également en faveur de l'organisation d'un référendum sur l’immigration.
Concernant sa ligne économique, Bruno Retailleau est contre «l’assistanat et le quoi qu’il en coûte», prôné par Emmanuel Macron. Il milite notamment, comme Éric Ciotti, en faveur d’une allocation sociale unique plafonnée à 75 % du SMIC, ou encore pour la fin des 35 heures et pour une forte baisse de la fiscalité des entreprises. Il plaide également pour une retraite à 65 ans et pour la rigueur budgétaire, en faisant de la réduction du déficit public, un objectif «absolument prioritaire».
politique civilisationnelle et conservatisme
Enfin, Bruno Retailleau promeut une politique civilisationnelle «contre les délires pédagogistes» avec des programmes concentrés sur les savoirs fondamentaux. Il se revendique contre le wokisme et l’islamo-gauchisme, et affirme vouloir défendre «nos modes de vie et lutter contre le communautarisme». Il est également contre la procréation médicalement assistée (PMA) et la gestation pour autrui (GPA), et prône une grande politique de l’enfance.
Pour la présentielle de 2027, Bruno Retailleau ne soutient pas encore de candidat officiellement, et a annoncé vouloir prendre le temps de poser les bases d'une candidature qui corresponde aux «véritables valeurs de la droite».
Aurélien Pradié
Le dernier candidat, Aurélien Pradié, est probablement le moins connu des trois prétendants. Pourtant, il entend bien marquer de son empreinte un parti qu’il veut totalement renouveler. C’est la ligne claire du député du Lot : la rupture.
En effet, Aurélien Pradié veut en finir avec Les Républicains. Il souhaite rompre avec l'héritage de Nicolas Sarkozy, et entend bien tout changer dans son parti : le nom, le siège, l’organisation, mais surtout le message. Pour lui, l’échec significatif de Valérie Pécresse à la présidentielle de 2022 est un symbole. Il estime que le parti doit se réinventer, et se tourner davantage vers un «chemin populaire».
Alors qu’il revendique une filiation chiraquienne et qu’il est le porte-parole des jeunes Républicains, Aurélien Pradié est souvent taxé par ses opposants d’être situé trop à gauche de l’échiquier. S’il estime être «pleinement de droite» et qu'il partage une majorité de convictions avec eux, le candidat de 36 ans dénote tout de même par rapport à certaines visions conservatrices de ses deux concurrents.
Droite moderne mais ferme sur l'immigration et la sécurité
Il s’est notamment fait remarquer sur les questions des violences faites aux femmes, du handicap, de l’écologie, de la lutte contre la pauvreté, ou encore du travail et du pouvoir d’achat. Une vision plus moderne de la droite, qui plait de plus en plus à un jeune électorat en quête de repères.
S’il n’en demeure pas moins ferme sur l’immigration et la sécurité, Aurélien Pradié se distingue également de ses adversaires par une opposition très ferme à une éventuelle «union des droites» avec le Rassemblement national ou le parti Reconquête, dirigé par Éric Zemmour, fidèle ami d’Éric Ciotti. Il est également soutenu par Michèle Alliot-Marie ainsi que par les jeunes députés LR : Pierre-Henri Dumont, Julien Dive, ou encore Raphaël Schellenberger.
droite populaire et écologique
Pour faire la différence ce samedi 3 décembre, Aurélien Pradié entend bien porter haut et fort ses idées et ses convictions. Parmi elles, construire une droite «qui parle au peuple». Il revendique ne pas croire à «la droite dure, la droite molle, la droite libérale ou conservatrice» mais plutôt à une droite qui parle aux salariés modestes, aux agriculteurs, aux enseignants, aux indépendants et aux chefs d’entreprises.
Si Aurélien Pradié ne souhaite pas s’enfermer dans les sujets régaliens, il milite tout de même pour un retour de l’ordre et de l’autorité à travers une lutte pour «notre histoire et nos traditions» et contre «toutes les formes de communautarisme». Il souhaite également diviser par deux l'immigration et appliquer une politique de reconduite forcée à la frontière. «Si on ne travaille pas, si on ne parle pas le Français, et si on a commis le moindre délit, on ne peut pas être accueilli en France».
Enfin, la thématique où Aurélien Pradié se démarque particulièrement de ses deux adversaires est celle de l'écologie. Le candidat l'assume, il souhaite en faire l'une de ses priorités en prônant l'innovation plutôt que la punition, et en défendant un modèle économique qui préfère produire en France et en Europe plutôt qu'à l'autre bout du monde.
Aurélien Pradié n'a pas encore de favori pour la présidentielle de 2027, et ne souhaite pas en désigner avant 2025 pour ne pas trop «l'exposer à toutes les attaques médiatiques». Il a néanmoins affirmé qu'il souhaitait en finir avec la méthode des primaires.