En déplacement ce vendredi 25 novembre à Dijon, Emmanuel Macron a rencontré les acteurs de la lutte contre les violences faites aux femmes. Le président de la République a appelé à ne «pas relâcher l’effort».
En cette journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, Emmanuel Macron était attendu à Dijon (Côte-d'Or). Alors que le chef de l’État a estimé qu’il fallait améliorer formation et prévention malgré d’importants «progrès collectifs», cette visite avait pour vocation de lui permettre de rencontrer «les acteurs du terrain», et de «se confronter à leurs pratiques et leurs attentes».
Ainsi, le président s’est d’abord rendu à une formation à l’école de gendarmerie. Au cours d’un exercice de simulation d’une intervention des forces de l’ordre auprès d'une femme ayant appelé les secours en raison d'un mari violent, les gendarmes ont mis en scène l’interpellation de l’agresseur et surtout la prise en charge et la sécurisation de la victime et de ses enfants.
L'occasion, pour l’exécutif, de souligner les progrès réalisés en matière de prise en charge des victimes de violences intrafamiliales.
«Il y a quand même eu des progrès collectifs», avec «un immense travail de formation de nos forces de sécurité intérieure», s'est plus tard félicité Emmanuel Macron lors d'une table ronde avec tous les intervenants du secteur. «Mais il faut se garder d'avoir une ou deux personnes qui, dans un département, ne s'occuperaient que de ce sujet», «il faut absolument que tout le monde soit mieux formé sur le sujet des violences qui sont faites aux femmes», a-t-il ajouté après être revenu sur l’affaire McKinsey.
L’égalité hommes-femmes, une «grande cause»
Le chef de l'Etat a choisi l'égalité femmes-hommes comme grande cause de ses deux quinquennats. Une décision qui a donné lieu au Grenelle des violences conjugales en 2018, dont «90 % des mesures sont aujourd'hui complètement mises en oeuvre», assure l'Elysée.
Il est question, pêle-mêle, de la levée du secret médical en cas de danger immédiat, de la collecte de preuves sans dépôt de plainte à l'hôpital, de l'ouverture de structures de prise en charge, dont certaines sont encore à venir, ou encore de l'«accélération» de la formation des policiers et gendarmes.
Depuis 2018, ces derniers sont 160.000 à avoir bénéficié d'une formation spécifique pour apprendre à accompagner les femmes victimes de violences. Des unités entièrement dédiées à ces dossiers ont été créées et la possibilité de recueillir les plaintes «hors les murs», à l'hôpital ou dans des tiers-lieux, a été «largement développée».
Emmanuel Macron a par ailleurs rappelé la possibilité de recueillir les plaintes à l'hôpital ou dans un «tiers lieu», ainsi que la multiplication des dispositifs de prévention comme les «bracelets anti-rapprochement». Il a promis aux magistrats de continuer à déployer les moyens prévus et de recruter du personnel supplémentaire pour traiter les affaires de violences conjugales.
Enfin, le président exposera au printemps les conclusions du rapport parlementaire sur la création d'une juridiction spécialisée.
122 féminicides en 2021
Si l'infraction d'outrage sexiste a été créée et 4.300 téléphones grave danger ont été déployés, de même que 900 bracelets anti-rapprochement, les chiffres restent pourtant terrifiants.
D'après l'enquête annuelle du ministère de l'Intérieur, en 2021, 122 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, contre 102 l'année précédente. Quelque 186.000 victimes de violences conjugales ont par ailleurs été recensées en 2021. Soit une augmentation de 17 % par rapport à 2020 et 27% par rapport à 2019.
Les force de l'ordre ont été mobilisées 370.000 fois l'année dernière pour des cas de violences faites aux femmes. Cela représente 66 interventions par heure. D'après les chiffres du Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, 80% des plaintes déposées pour violences sexuelles sont en outre classées sans suite.
Samedi 19 novembre, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté dans toute la France pour dénoncer les dysfonctionnements de la justice française face aux violences sexistes et sexuelles. Les manifestants réclamaient notamment une «loi cadre» contre l'«impunité» des agresseurs.
La Fédération nationale Solidarité femmes (FNSF), qui gère le numéro d'appel 3919, a fait état cette semaine d'une hausse de 14 % des appels en 2021, par rapport à 2019. Cette ligne, ouverte 24 heures sur 24 et sept jours sur sept depuis la mi-2021, reçoit entre 10.000 et 12.000 appels mensuels. Près d'une appelante sur cinq indique avoir été menacée de mort, un taux qui a doublé depuis 2019, selon la FNSF.