La conductrice du car scolaire dont la collision avec un train avait coûté la vie à six enfants, il y a cinq ans à Millas (Pyrénées-Orientales), a été condamnée ce vendredi 18 novembre à cinq ans de prison, dont quatre avec sursis.
L'accident, tragique, avait eu une répercussion nationale. Le drame de Millas, dont l'enquête avait été particulièrement suivie par les Français, connaît son dénouement. Nadine Oliveira, la conductrice du bus qui avait percuté un TER à un passage à niveau, causant la mort de six enfants et des blessures à de nombreux autres, a été condamnée par le tribunal correctionnel de Marseille à cinq ans de prison, dont quatre avec sursis.
Le verdict a été prononcé en l’absence de la seule prévenue du dossier. La quinquagénaire est en effet hospitalisée depuis le quatrième jour du procès, après s'être effondrée lors d'une crise de larmes. Elle avait été admise en service de cardiologie, avant d’être transférée dans un hôpital psychiatrique, où elle se trouve toujours.
Emprisonnement à domicile
La peine prononcée est conforme aux réquisitions, lors desquelles, une peine de cinq ans de prison, dont quatre avec sursis probatoire assortie d’obligations de soins et d’indemnisations des victimes, avait été demandée à son encontre. A cela s’ajoutaient l’annulation de ses permis de conduire et l’interdiction d’exercer une profession en lien avec des enfants. Son avocat avait de son côté demandé la relaxe.
L'année de prison ferme sera exécutée sous le régime de l'emprisonnement à domicile, sous surveillance électronique, a précisé le président du tribunal.
La culpabilité de la conductrice mise en avant
Le 14 décembre 2017, alors qu’elle se trouvait au volant, son bus était entré en collision avec un train, dans la petite commune de Millas, près de Perpignan. Six enfants avaient trouvé la mort et 17 avaient été blessés, certains très gravement. Expliquant avoir déjà fait la route près de 400 fois sans jamais avoir vu les barrières du passage à niveau fermé, la prévenue a toujours affirmé qu’elles étaient une nouvelle fois ouvertes au moment de l’accident. Elle avait également fait part d’un «trou noir», à cet instant.
Des expertises et des témoignages, dont celui d’une enfant assise au premier rang du car ce jour-là, ont pointé que les barrières étaient baissées. D’autres témoins (dont des enfants là aussi) avaient initialement indiqué les avoir vues ouvertes, avant de se demander au procès s’ils n’avaient pas imaginé cela. Les conducteurs du train et deux personnes qui s’étaient arrêtées au passage à niveau ont de leurs côtés expliqué avoir vu le bus «pousser la barrière».
Des débats sur un possible «déni» de la conductrice ou sur une forme de modification de la réalité, pour ne pas sombrer dans la culpabilité la plus totale, ont eu lieu lors du procès, a rappelé l’AFP. Les parties civiles ont également regretté que les souffrances avancées par la prévenue lui servent à justifier son innocence, plutôt qu’à reconnaître sa responsabilité.