Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin et son homologue britannique Suella Braverman ont signé ce lundi 14 novembre un accord de coopération entre les deux pays, visant à enrayer les traversées de la Manche par des migrants.
Un sujet de grandes discordes. La France et le Royaume-Uni ont signé un accord de coopération ce lundi 14 novembre, visant à enrayer l’afflux migratoire par la Manche. Cet accord intervient alors que les deux gouvernements sont mis sous pression sur la question migratoire.
Dimanche, le ministère de la défense britannique a indiqué que plus de 40.000 migrants avaient traversé la Manche depuis le début de l'année, contre 28.526 en 2021, un nouveau record battu.
Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 200 personnes sont mortes ou ont été portées disparues, en mer ou sur terre, en tentant de rejoindre l'Angleterre au départ du littoral nord de la France depuis 2014.
Une enveloppe de 72 millions d’euros
Les Britanniques se sont engagés à verser une enveloppe de 72,2 millions d’euros à la France d’ici à un an, afin de financer le projet, ce qui devrait permettre, à terme, d’augmenter de 40% les forces de sécurité françaises. Cela représenterait quelque 350 policiers et gendarmes supplémentaires sur les plages d'où partent les migrants à destination des côtes britanniques.
Si aucun objectif d’interceptions de bateaux ne sera chiffré, malgré le souhait du Royaume-Uni, Londres et Paris se sont concentrés sur le déploiement de «ressources technologiques et humaines», dont des drones, sur le littoral français pour mieux détecter, surveiller et intercepter les bateaux.
L'accord prévoit aussi le financement de «chiens de détection» dans les ports et l'installation de caméras de surveillance aux principaux points de passage frontaliers le long du littoral.
Les deux pays veulent également collecter et utiliser des renseignements, notamment «provenant de migrants interceptés», pour mieux démanteler les réseaux de passeurs et dissuader les traversées par un travail conjoint «le plus en amont possible», en lien avec les pays d'origine et de transit des exilés. Pour les atteindre, une douzaine d'actions visant «une approche plus intégrée et plus efficace» ont été listées.
Une meilleure communication entre les deux pays
Mais le point le plus important dans cet accord, est que le Royaume-Uni et la France puissent échanger de manière plus claire sur leurs faits et gestes, synchronisant leurs actions pour une meilleure organisation.
Ainsi pour la première fois, des équipes d'observateurs seront déployées de part et d'autre de la Manche afin de «renforcer la compréhension commune» entre les deux pays, «améliorer le déroulement des débriefings des migrants» et «accroître les échanges d'informations».
Des centres d'accueil pour migrants doivent également être créés dans le sud de la France afin de dissuader les exilés qui empruntent la Méditerranée de remonter jusqu'à Calais et leur «proposer des alternatives sûres» et pérennes.
Cette nouvelle entente entre les deux pays intervient dans un contexte où Gérald Darmanin est accusé par la droite et l'extrême droite de ne pas assez expulser les étrangers interdits de séjour sur le territoire. Il présentera d’ailleurs en début d’année prochaine un projet de loi visant à durcir les procédures d'asile.
Quant à Rishi Sunak, le nouveau Premier ministre britannique du parti conservateur, ce dernier a fait du contrôle de l'immigration une priorité depuis le Brexit.