Afin de préparer les Français à affronter la crise énergétique, le gouvernement recommande de chauffer son logement à 19°C. Cette préconisation remonte aux années 1970.
Invitée sur le plateau de BFMTV le 26 septembre, Elisabeth Borne a donné la principale consigne du plan de sobriété énergétique : «La règle, c’est de se chauffer à 19°C». Inquiets, ou même surpris, les Français ont vivement réagi à cette recommandation. Pourtant, elle ne date pas d’hier.
Pour justifier ce choix, le gouvernement se base sur l’origine de la limite fixée à 19°C, qui remonte à 1979. En plein choc pétrolier, la France faisait face à une flambée des prix de l’énergie. Cette année-là, l’article R. 131-20 du code de la construction et de l’habitation a été alors adopté avec la précision suivante: «[…] les limites supérieures de température du chauffage sont, en dehors des périodes d’inoccupation, fixées en moyenne à 19°C, pour l’ensemble des pièces d’un logement».
Les foyers chauffés de 15 à 16°C pendant l'entre-deux-guerres...
Renan Viguié, historien de l’énergie et du chauffage et secrétaire scientifique du comité d’histoire de l’électricité et de l’énergie est largement revenu sur la question. Dans sa thèse intitulée «Se chauffer en France au XXe siècle», l’historien réfute la justification scientifique : «Il n’y a pas de publications scientifiques qui démontrent qu’il faut se chauffer à 19°C».
D’ailleurs, avant 1979, la température recommandée était bien en-dessous de 19°C. Durant la première moitié du XXe siècle et en particulier lors de l’entre-deux-guerres, «on préconisait des températures plus basses, autour de 15-16°C dans le salon, la pièce à vivre» explique Renan Viguié dans sa thèse.
Par la suite, «les équipements et les caractéristiques des bâtiments d’habitation» ont permis de «maintenir la température intérieure résultante au centre des pièces au-dessus de 18°C», comme l’indique l’article 6 du décret n°69-596 du 14 juin 1969.
... Jusqu'à 22°C de nos jours
Le choc pétrolier de 1973 a définitivement ancré cette température de 19°C dans les habitudes des Français. «Cette température doit pouvoir être obtenue moyennant une dépense d’énergie aussi réduite que possible» affirme l’article 6 du texte de loi de 1974.
De nos jours, «les Français se chauffent en moyenne à 21-22°C» a expliqué Thierry Salomon, vice-président et porte-parole de l’association Négawatt au Parisien. Cette augmentation de 3°C est expliquée en partie par le fait qu’on soit passé «en un siècle de gros vêtements en laine à la mode du coton, plus légère» a expliqué Ronan Viguié.