Ce jeudi 6 octobre, depuis le parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, et la Première ministre, Élisabeth Borne, ont dévoilé le plan de sobriété du gouvernement pour passer l’hiver à l’heure où la crise énergétique s’amplifie sur fond de guerre en Ukraine.
Mobilisation générale exigée. Le gouvernement a dévoilé, ce jeudi 6 octobre depuis le parc des expositions de la Porte de Versailles, son très attendu plan de sobriété. Celui-ci intervient à l’heure où l’Europe est touchée de plein fouet par une gigantesque crise énergétique due à la guerre en Ukraine.
Au total, pas moins de neuf ministres se sont succédé, chacun leur tour, pour présenter les mesures qui, selon le chef de l’État Emmanuel Macron, permettront aux Français de «passer l’hiver» même dans les pires scénarios.
Première à avoir pris la parole, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a rappelé que «le combat ne s’arrêtera pas à l’hiver 2022-2023».
«La mobilisation générale doit aujourd'hui nous permettre d'atteindre (en 2024) 10 % de réduction de consommation énergétique», par rapport à 2019, «la première marche» pour atteindre la trajectoire de 40 % préconisée pour 2050 par les experts du climat, a indiqué la ministre, en soulignant que pour l'hiver, «notre action collective nous permettrait d'éviter des mesures plus contraignantes».
Durant sa prise de parole, Agnès Pannier-Runacher a rappelé une série de mesures recommandées aux Français. «Régler son chauffage à 19 °C, régler son chauffe-eau a 55 °C, rester moins longtemps sous la douche, éteindre tous les appareils en veille, décaler l'utilisation des appareils électroniques comme le sèche-linge ou le lave-vaisselle en dehors des périodes de pointe, ou encore installer un thermostat programmable», a-t-elle dit.
La ministre de la Transition énergétique a également recommandé d’utiliser des applications qui permettent de suivre en direct leur consommation d’énergie afin de mieux adapter ses usages.
Le télétravail encouragé pour les agents du public
Dans le cadre du «plan de sobriété énergétique», plusieurs mesures ont aussi été annoncées par Stanislas Guerini concernant la fonction publique, soit dans les bâtiments publics et pour les agents du service public.
Celles-ci incluent la limitation du chauffage à 18 °C en moyenne, la suppression de l’obligation d’eau chaude dans les bâtiments publics, la limitation de la vitesse des véhicules de service à 110 km/h (au lieu de 130 km/h) et la limitation de l’usage des écrans non essentiels.
Concernant le télétravail, ce dernier sera encouragé pour économiser le maximum d’énergie. Par ailleurs, l’indemnité journalière sera augmentée de 15 % pour économiser le chauffage dans les bâtiments publics.
Aussi, la formation à l’écoconduite sera renforcée et pas moins de 25.000 cadres de la fonction publique seront formés aux enjeux de la transition écologique.
La grande distribution, l'hôtellerie et les loisirs concernés
Le secteur de la grande distribution est l’un des premiers concernés par les mesures annoncées par les membres du gouvernement. En effet, les magasins doivent limiter à 17 °C le chauffage et, dès leur fermeture, les lumières et les panneaux publicitaires lumineux doivent être éteints.
En journée, les éclairages seront baissés de 30 %. Cette mesure concerne les enseignes alimentaires mais également les «enseignes spécialisées» comme Leroy-Merlin et Castorama.
Concernant les établissements d’hôtellerie, pour baisser la consommation du chauffage, les températures baisseront à 19 °C. En cas d’absence du personnel, le thermostat doit être baissé à 17 °C. Ainsi, les piscines et spas perdront 1 °C de chauffage.
Les domaines skiables sont invités à réduire la vitesse des remontées mécaniques en montagne et ce selon les niveaux des fréquentations.
Pour les parcs d'attractions et lieux de loisirs, les établissements concernés vont éteindre l'alimentation de tout ce qui peut être fermé au public (attractions, chauffage, enseignes etc...). La température sera baissée à 19 °C pour les locaux ouverts et 17 °C dès qu'ils sont inoccupés.
Un fonds vert d'un milliard d'euros pour les collectivités territoriales
Les citadins sont, eux aussi, touchés par le plan de sobriété annoncé par le gouvernement. Des économies sont prévues notamment sur l'éclairage, les centres nautiques, les salles de spectacles et les espaces culturels.
D'ailleurs, le ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, Christophe Béchu, a annoncé qu'un fonds vert, d'un montant d'un milliard d'euros, sera mis en place. Celui-ci visera à «aider les collectivités à investir dans ce qui est bon pour le climat. Mais, il faut aussi avoir le souci de la manière dont cela se déploie dans les territoires».
Pour le ministre, la stratégie de la sobriété énergétique s'articule autour de trois points : ne pas gaspiller l'énergie que l'on a pas, produire de l'énergie renouvelable et s'appuyer sur l'énergie nucléaire qui «nous permet de pouvoir tenir».
Le début de la période de chauffe décalé
Durant sa prise de parole, le ministre délégué chargé de la Ville et du Logement, Olivier Klein, a évoqué les mesures prises pour réduire la consommation énergétique des bâtiments. Parmi celles-ci, le ministre a proposé de décaler le début de la période de chauffe du 15 octobre au 1er novembre. Cette période sera effective jusqu’au 1er avril au lieu du 15.
«Ce mois permettrait une économie d’énergie de 12 %», a-t-il dit. Toutefois, cette mesure dépendra de la météo.
Écoconduite, covoiturage… les Transports concernés
Pour lutter contre le gaspillage énergétique dans les transports, des mesures de mise en veille pourront être mises en place dans les gares et aéroports quand ils sont fermés, estime le ministre des Transports Clément Beaune.
Le membre du gouvernement a également annoncé que les conducteurs de trains et métro vont être formés à l’écoconduite, soit la réduction de leur vitesse à des moments opportuns pour économiser des dépenses énergétiques.
«Sans changer la vitesse moyenne, on peut la réguler au bon moment pour économiser de 7 à 15 % d’énergie sur le train», a expliqué le ministre.
Le ministre a également encouragé les Français à utiliser le covoiturage. Un bonus sera aussi attribué à ceux qui privilégieront ce mode de partage au quotidien pour se rendre au travail ou à leur domicile.
«La voiture représente 85 % de nos modes de transports aujourd’hui. Nous mettrons en place un bonus d’ici le 1er janvier 2023 pour que ceux qui rentrent dans le dispositif de covoiturage ait un avantage financier à le faire», a déclaré Clément Beaune.