Création de bagageries, abattage d'arbres centenaires... A peine lancé, le projet de réaménagement du «Grand site tour Eiffel» – aussi surnommé projet «OnE» – était déjà vivement critiqué. A tel point que la municipalité parisienne vient d'en présenter une nouvelle mouture ce week-end, renonçant aux nouvelles constructions.
«Il n'y aura aucun abattage, ni travaux impactant les arbres», avait déjà promis le premier adjoint à la mairie de Paris Emmanuel Grégoire en mai dernier, alors que la municipalité était accusée de vouloir abattre des arbres centenaires situés autour de la tour Eiffel, dans l'optique de construire des bagageries et autres lieux de service destinés aux touristes à la place.
Correction des «points irritants»
Depuis, le projet de réaménagement du «Grand site tour Eiffel» a été revu, dont 5 % ont été tout bonnement abandonnés. C'est ce qu'a annoncé le bras droit de la maire Anne Hidalgo dans le JDD ce week-end, expliquant que «les points irritants» allaient être «corrigés», tout en assurant que «95 % du projet OnE» seraient conservés, avec «une continuité paysagère du Trocadéro au Champ-de-Mars, fidèle au dessin d'origine et respectueuse du patrimoine».
Concrètement, la municipalité parisienne a pris la décision de retirer de son projet la construction des bagageries, cafés et boutiques qui auraient dû être érigés aux pieds de la tour Eiffel, et qui prendront finalement place dans des constructions existantes, à l'instar, comme l'explique le JDD, du Centre d'information et de documentation jeunesse Emile Anthoine, situé à côté. Un réaménagement qui doit débuter après les Jeux Olympiques de Paris 2024.
Pas question pour autant de renoncer à la remise en état du Champ-de-Mars. «Dès cette semaine, les pelouses abîmées du Champ-de-Mars seront replantées à l'identique», a fait savoir Emmanuel Grégoire, qui promet «un nouveau grand parc à Paris», qui ira «du Trocadéro à la tour Eiffel» et ce, «dès 2024».
Victoire pour les opposants
Une annonce qui a le goût de la victoire pour la droite parisienne, vivement opposée au projet d'origine. «Nous avons fait reculer Anne Hidalgo sur le Champ-de-Mars», s'est ainsi vantée la maire du 7e arrondissement Rachida Dati, se disant néanmoins prête à «continuer le combat» réclamant notamment «un meilleur entretien du site», «la sécurisation des jardins» ainsi que «la réduction des événements [qui y sont] organisés».
Nous avons fait reculer Anne Hidalgo sur le #ChampdeMars. Cette première victoire n’est qu’une étape ! https://t.co/MGwOqBo0P9
— Rachida Dati ن (@datirachida) October 2, 2022
Quelques jours auparavant, le mercredi 28 septembre, l'élue parisienne avait déjà écrit au premier adjoint Emmanuel Grégoire ainsi qu'au ministre de la Transition écologique Christophe Béchu à ce sujet, leur demandant «la construction d'un nouveau projet sur la base d'une concertation renouvelée», qui «devra s'insérer dans le site existant et n'entraîner aucune détérioration».
«Il est impératif de privilégier le réemploi des bâtiments existants aux abords de la Tour Eiffel, leur rénovation et leur mise en valeur dans le cadre d'un nouvel accueil dont ce site touristique a un besoin réel», avait-elle également écrit, avant de voir ses souhaits exaucés.
Même satisfaction du côté de l'association des Amis du Champ-de-Mars, qui se réjouit ce lundi «de cette avancée», alors que «la presse relate aujourd'hui largement l'annonce de la ville d'abandonner son projet de construction sur le Champ-de-Mars». Néanmoins, l'association attend encore «que les permis de construire, qui sont encore sur le terrain, soient vite enlevés».
Une première partie prête pour 2024
Quant au reste du projet, celui-ci devrait bien être mis en œuvre, dont une partie doit même voir le jour avant les Jeux Olympiques de Paris 2024. C'est le cas de toute la partie du réaménagement comprise entre la place et les jardins du Trocadéro. Sur la place, le rond-point sera notamment supprimé et la circulation sera ainsi déviée, au profit du doublement de la surface végétalisée, qui passera ainsi de 2.500 à 4.500 m2.
En contrebas de l'esplanade du Trocadéro, les jardins de part et d'autre de la fontaine seront repensés, avec 3.000 mètres carrés de pelouses supplémentaires. Sans changement par rapport à ce que prévoyait le projet d'origine, «les pentes qui bordent la fontaine de Varsovie seront remodelées sous forme de gradins et habillées de pelouses renforcées en pleine terre».
A terme, le pont d'Iéna sera également rendu aux piétons. Si, dans un premier temps, une circulation provisoire sera imaginée pour les JO «avec un aménagement paysager temporaire», il faudra encore attendre quelques années pour que le pont d’Iéna soit rendu aux piétons. A terme, un «nouvel espace apaisé de déambulation» y sera installé, avec une circulation réservée aux vélos, bus et véhicules de secours.
Un projet audacieux estimé à 100 millions d'euros (malgré les 7 millions d'euros économisés par les changements annoncés ce week-end), mais surtout symbolique de la politique menée par la municipalité parisienne depuis plusieurs années, défendant ardemment la réduction de la place donnée à la voiture au profit des mobilités dites «douces».