L’imam Mohamed Tataiat, poursuivi pour incitation à la violence ou haine raciale après un prêche contre les juifs en 2017, a été condamné en appel à quatre mois de prison avec sursis, ce mercredi à Toulouse (Haute-Garonne).
Mohamed Tataiat, imam algérien accusé d'avoir réalisé un prêche contre les juifs en 2017, a été condamné en appel ce mercredi à quatre mois de prison avec sursis, a-t-on appris de sources concordantes confirmant une information de La Dépêche. Un jugement différent de celui prononcé en première instance, où il avait bénéficié d'une relaxe.
Le 15 décembre 2017, au sein de la grande mosquée de Toulouse (Haute-Garonne), Mohamed Tataiat avait prononcé un discours dans lequel il avait intégré un hadith proclamant : «le jour du jugement ne parviendra que quand les musulmans combattront les juifs, le juif se cachera derrière l'arbre et la pierre, et l'arbre et la pierre diront : ‘Oh musulman, oh serviteur de Dieu, il y a un juif derrière moi, viens et tue-le, sauf Algharqada, qui est l'un des arbres des juifs’».
Ces paroles avaient été déclarées dans un contexte de tensions entre la Palestine et Israël, alors que le président américain de l’époque, Donald Trump, avait annoncé son intention de transférer l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem.
incitation au passage à l'acte ou «simples propos imprudents» ?
Lors du procès devant la cour d'appel de Toulouse, le 30 mai dernier, le procureur général avait estimé qu’«on ne peut citer un texte religieux dans un contexte et dans des circonstances telles (...) que cette citation instille dans des esprits fragiles, peu éclairés, des pulsions de haine, des pulsions de passage à l'acte», a rapporté l’AFP. Et l’avocate du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (une des nombreuses associations parties civiles) de rappeler que Mohamed Merah avait indiqué «avoir voulu venger des enfants palestiniens» lorsqu’il avait abattu sept personnes dont trois enfants juifs en 2012 à Toulouse.
Le procureur général avait ainsi réclamé une peine de six mois de prison avec sursis et 10.000 euros d’amende. La cour d'appel a donc été plus clémente, mais néanmoins plus sévère que lors du procès en première instance, où il avait été relaxé.
Au tribunal, Mohamed Tataiat, de nationalité algérienne (il vit en France depuis 1985) et ne s’exprimant que via un interprète, avait indiqué que le hadith en question était un «avertissement» aux musulmans afin que, justement, ils ne combattent pas les juifs. Ses avocats avaient souligné une critique de l’Etat d’Israël mais pas «une incitation à tuer des juifs». Ils avaient également appelé à ne pas criminaliser des propos qu’ils reconnaissaient «imprudents».
La condamnation de Mohamed Tataiat intervient au lendemain de la validation par le Conseil d’Etat de l’expulsion de l’ imam Hassan Iquioussen, auteur notamment de propos antisémites et sur l’infériorité des femmes.
Pour information, aucune procédure d’expulsion n’a été intentée contre l’imam Tataiat. Au moment de sa mise en examen, en 2019, Laurent Wauquiez, alors président des Républicains, l’avait réclamée, tout comme le maire LR de Lavaur, Bernard Carayon, avant lui.