Fragilisé par l'affaire «KohLantess», événement sportif caritatif centré autour d'une compétition de karting récemment organisé au sein de la prison de Fresnes (94), le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a de nouveau répondu à la polémique, ce mardi après-midi, à l'occasion d'un déplacement à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis.
L'opération déminage était très attendue. Empêtré dans l'affaire du karting à la prison de Fresnes (Val-de-Marne), dite affaire «KohLantess», le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, s'est rendu ce mardi après-midi à la maison d’arrêt voisine de Fleury-Mérogis (Essonne).
Alors que la polémique peine à retomber, le garde des Sceaux a assuré que : «Jamais, ni moi, ni mon cabinet n’avons été informés» de l’organisation d’une compétition de karting. «Ce qui a été validé c’est une compétition Koh Lanta dans laquelle il n’a jamais été question de kart», a-t-il insisté.
Une «initiative du directeur de la prison avec l'organisateur»
«Si j’avais su qu’une compétition de karting était organisée, j’aurais mis un véto très clair», a encore martelé Eric Dupond-Moretti, qui a pointé «une initiative du directeur de la prison de Fresnes avec l’organisateur» du jeu. «J’assume d’être ferme sans être démago», s'est encore défendu le garde des Sceaux.
Alors qu'il aurait dû concerner des détenus sans casier judicaire lourd, l'événement a pris une autre dimension lorsqu'il s'est avéré que deux participants du «Kohlantess» avaient été condamnés respectivement pour viol et pour meurtre, ce qui a conduit hier les organisateurs de l'événement à supprimer «sans délai» les images de la compétition qui avaient été mises sur YouTube «par respect pour les victimes».
Une circulaire bientôt prise
Samedi dernier, Eric Dupond-Moretti avait lui évoqué sur Twitter «des images choquantes», et annoncé avoir ordonné une enquête des services de l’administration pénitentiaire pour que «toute la lumière soit faite» sur l'affaire.
A la suite du rapport d’enquête, je vais prendre une circulaire pour fixer clairement les conditions nécessaires à la tenue de projets de réinsertion en prison. Ils devront désormais tous être soumis à une validation expresse de la direction de l’administration pénitentiaire. https://t.co/OqGMZqGKUz
— Eric Dupond-Moretti (@E_DupondM) August 23, 2022
Une annonce loin toutefois d'avoir éteint l'incendie lorsqu'au cours du même week-end on apprenait que 75 % des Français jugent négatif le bilan d’Emmanuel Macron sur l'insécurité, selon un sondage réalisé par l’Ifop pour le Journal du dimanche.
Lors de sa prise de parole à Fleury-Mérogis, le garde des Sceaux a indiqué que le rapport d'enquête de l'administration pénitentiaire qu'il a demandé serait selon ses mots rendu «disponible dans les prochaines heures».
S'exprimant ensuite sur le réseau social Twitter, il a indiqué «qu'à la suite du rapport d’enquête, (il allait) prendre une circulaire pour fixer clairement les conditions nécessaires à la tenue de projets de réinsertion en prison». «Ils devront désormais tous être soumis à une validation expresse de la direction de l’administration pénitentiaire», a-t-il ajouté.
Officiellement, le déplacement d'Eric Dupond-Moretti, arrivé à Fleury-Mérogis vers 16h, entrait dans le cadre du programme de nouvelles places de prisons voulu par Emmanuel Macron. A Fleury-Mérogis, ce sont ainsi 400 nouvelles places qui doivent être construites.