Un nombre important de démissions a été enregistré en France fin 2021 et début 2022. Selon la Dares, la Direction statistique du ministère du Travail, le phénomène est différent de celui observé aux Etats-Unis.
Le taux de démissions n'avait pas été aussi haut en France depuis la crise financière de 2008-2009. Selon une étude de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail, publiée jeudi 18 août, il atteint 2,7 % au premier trimestre 2022. L'organisme identifie un phénomène important mais qui n'est ni «inédit, ni inattendu».
A la fin de l'année 2021 et au début de 2022, près de 520.000 démissions ont été enregistrées chaque trimestre en France, dont 470.000 concernant des salariés en CDI. Les chiffres sont certes impressionnants mais, selon la Dares, ils reflètent le contexte économique.
#GrandeDemission | Le taux de #démission, élevé mais pas inédit en France, est à mettre en regard avec les difficultés de #recrutement Plus d'infos sur le site de la #Dares ⤵ https://t.co/miUOBfECF6
— Dares - statistiques Travail (@Dares_travail) August 18, 2022
Dans son rapport, elle explique que «le taux de démission est un indicateur cyclique. Il est bas durant les crises et il augmente en période de reprise, d'autant plus fortement que l'embellie conjoncturelle est rapide.»
Voilà pourquoi les démissions de salariés en CDI avaient chuté à 241.179 au deuxième trimestre 2020, contre 360 à 390.000 à la même période lors des deux années précédentes. La crise sanitaire du Covid-19 et les incertitudes économiques associées étaient responsables de cette diminution.
La situation inverse observée aujourd'hui, avec un grand nombre de démissions, serait donc le signe de la reprise. Car «lors de l'expansion économique, il existe de nouvelles opportunités d'emploi, ce qui incite à démissionner plus souvent», développe la Dares.
Le marché du travail «dynamique»
Sachant que les données ne montrent pas d'augmentation inhabituelle de sorties du marché du travail. Au deuxième semestre 2021, environ 8 démissionnaires en CDI sur 10 ont retrouvé un emploi dans les 6 mois. Ce «dynamisme du marché» modifie «le pouvoir de négociation [...] en faveur des salariés», précise la Dares. Dans certains secteurs qui peinent à recruter, comme les services ou l'industrie, les employeurs sont plus prompts à augmenter les salaires ou faire des concessions, pour pouvoir embaucher.
A 68 % au premier trimestre 2022, le taux d'emploi en France est ainsi plus élevé aujourd'hui qu'avant la crise sanitaire. Les chiffres montrent en outre qu'il continue de progresser pour toutes les tranches d'âge, y compris les jeunes. Chez ces derniers, le taux d'emploi est même «historiquement haut» selon Michael Orand, statisticien de la Dares interrogé par franceinfo.
La situation française n'est donc pas comparable à la «Grande démission» observée aux Etats-Unis à la suite de la pandémie. Outre-Atlantique, «le taux de chômage était quasiment revenu à son niveau d'avant-crise» mais les emplois, eux, «manquaient», explique Mathieu Plane, économiste à l'OFCE.
Contrairement à l'Hexagone, les Etats-Unis ont ainsi été confrontés à des démissions par millions qui étaient de vraies «sorties de l'emploi, sans passer par la case chômage, directement dans la case inactivité». Cette vague de départs a concerné presque tous les secteurs mais, aujourd'hui, la situation américaine est «en train de se corriger».