Dans une tribune publiée ce mercredi dans le quotidien français Le Monde, un collectif de 31 sénateurs du groupe Socialiste, écologiste et républicain appelle à légaliser le cannabis en France.
C'est une question qui divise. Ce mercredi, le journal Le Monde publie une tribune signée par un groupe de 31 sénateurs du groupe Socialiste, écologiste et républicain, représentés par Gilbert-Luc Devinaz, appelant à la concertation en vue de légaliser le cannabis sur le territoire français.
«Que nous le voulions ou non, il s'agit d'un sujet de société dont les pouvoirs publics doivent se saisir», estiment les sénateurs, dont Laurence Rossignol, ex-ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes.
«Nous tenons à apporter notre pierre à l'édifice»
«La situation est intenable». C'est le constat fait par ce collectif de sénateurs de gauche face à la problématique du cannabis en France. Les législateurs tiennent «à apporter [notre] pierre à l'édifice, sans parti pris et dans la perspective d'une législation efficace».
Le groupe met alors en évidence les deux possibilités légales : la dépénalisation et la légalisation. Pour la première, il s'agirait d'une fausse bonne idée : «Ce serait un renoncement des pouvoirs publics qui s'amputeraient eux-mêmes des moyens d'agir. Il s'agirait d'acheter la paix sociale avec un certain cynisme».
Aucune politique publique n’est autant en échec que celle de lutte contre la consommation de cannabis. Mais l’injonction au silence domine. Sortons de l’hypocrisie. J’ai signé cette tribune pour la légalisation du #cannabis : https://t.co/dICuI8Zeoa
— Laurence Rossignol (@laurossignol) August 10, 2022
Seule la législative pourrait, selon eux, permettre de «contrôler la qualité sanitaire des produits consommés, freiner grandement les trafics au bénéfice des zones sinistrées et de développer des plans de prévention de grande ampleur, financés par la taxation des produits et par le redéploiement des moyens de répression».
«Sans minimiser l’impact sanitaire de la consommation du cannabis, nous considérons, à l’instar des politiques publiques existantes pour le tabac et l’alcool ou encore les jeux d’argent, que la légalisation donnera les moyens d’agir plus efficacement pour protéger davantage nos concitoyens et notamment notre jeunesse», soulignent-ils.
1,5 million de consommateurs réguliers en France
Face à cet ensemble de bénéfices possibles, les sénateurs annoncent, à travers cette tribune «entamer une démarche de concertation large pour déposer dans les mois à venir une proposition de loi pour répondre à cet enjeu». Avant d'assurer que «l’opinion publique est prête, il faut que le législateur agisse».
L'opinion publique reste divisée sur la question. Toutefois, en 2021, pour la première fois, une majorité de Français (51%) se disaient «plutôt favorables» à la dépénalisation, selon l'institut Ifop. En 2019, une enquête de l'Observatoire français des drogues et toxicomanies révélait que 45% des Français se disaient favorables à une légalisation.
En termes juridiques, la production et la consommation de cannabis sont illégales. La possession est un délit passible d'un 1 an d'emprisonnement et 3.750 euros d'amende, tandis que le trafic peut conduire à une peine de 10 ans de prison et 7.500.000 euros d'amende.
Dans le monde, la question du cannabis reste également clivante. L'Uruguay, le Canada et une quinzaine d'Etats américains autorisent le cannabis à usage récréatif.
En France, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin reste toujours fermement opposé à sa légalisation. En 2020, il avait d'ailleurs qualifié la substance de «merde», tout en déclarant l'année suivante que «la drogue est un poison qui sème la mort et la violence, vouloir légaliser le cannabis est une défaite morale».
Selon un rapport de l'Assemblée nationale publiée en mai 2021, il était estimé que 18 millions de Français avaient déjà testé, tandis que 1,5 million de personnes disaient en consommer régulièrement.