Le secrétaire général des Républicains, Aurélien Pradié, a plaidé mardi pour créer une «Cour de sûreté» dans les dossiers de terrorisme, alors que la justice administrative a suspendu vendredi en urgence l'expulsion de l'imam Iquioussen vers le Maroc.
Une affaire délicate. L’imam Iquioussen, prédicateur âgé de 57 ans, devait être expulsé de France direction le Maroc, à la demande du ministère de l'Intérieur. La justice administrative a finalement suspendu son expulsion, créant la polémique. Au micro d’Europe1, Aurélien Pradié, s’est exprimé sur le sujet en estimant qu’il serait de bon ton que la France crée une «Cour de sûreté » en matière de terrorisme.
«Je fais partie de ceux qui pensent que nous devons installer dans notre pays une Cour de sûreté de la République dont la mission sera de traiter en urgence des décisions d'expulsions de celles et ceux qui menacent la sécurité sur notre territoire», a indiqué le secrétaire général des Républicains.
Le gouvernement actuel «impuissant»
Selon Aurélien Pradié, les juges «ont pris une ampleur trop importante dans notre pays». Il a en outre estimé qu'il faut non «pas proposer des lois cosmétiques qui ne fonctionneront pas», mais «réorganiser le système». Toutefois, le député du Lot n'a pas précisé davantage les prérogatives qu'aurait selon lui cette Cour de sûreté.
Il a estimé à propos du cas de l'imam Iquioussen que le ministre de l'Intérieur «Gérald Darmanin s'est pris les pieds dans le tapis» et que cette affaire «démontre toute son impuissance depuis des années», où ses «grandes paroles» ont abouti à de «très faibles actes».
Une idée de droite
Ce n'est pas la première fois que l'idée d'une telle Cour apparaît dans le débat à droite.
Au printemps 2021, Guillaume Peltier, alors numéro deux des Républicains, s'était attiré les foudres des ténors du parti en souhaitant le rétablissement d'une Cour de sûreté - juridiction créée par le général de Gaulle en 1963 et supprimée après l'élection de François Mitterrand - qui pourrait placer en rétention, sans possibilité d'appel, dans les dossiers de terrorisme. M. Peltier avait finalement été démis de ses fonctions.
Au Rassemblement national, Marine Le Pen a, pendant la campagne présidentielle, réclamé une «législation d'exception», avec une Cour de sûreté de l'Etat ou une «mise au ban» de l'islamisme, mais en promettant qu'elle serait «conforme à l'Etat de droit» et «n'affectera(it) aucunement les libertés publiques».
Après la suspension de l'expulsion de l'imam Hassan Iquioussen, le ministère de l'Intérieur a assuré qu'il ferait appel devant le Conseil d'Etat. Ce prédicateur est accusé par les autorités françaises d'avoir tenu des propos antisémites, homophobes et «anti-femmes», lors de prêches ou de conférences, il y a près de vingt ans pour certains.